Cérémonie des Ensors: les femmes seront-elles enfin récompensées?
([Culture et Médias] 2025-02-01 (Het Nieuwsblad))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/ceremonie-des-ensor-les-femmes-seront-elles-enfin-recompensees/
- Source link: https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20250204_97017769
Lors de la dernière cérémonie des Ensors au Kuursaal Oostende, les esprits étaient fortement échauffés : huées dans la salle, membres du public quittant les lieux en signe de désapprobation. La raison ? Pour la deuxième année consécutive, aucune récompense n’a été décernée à une actrice, alors que depuis 2022, ces prix ne sont plus différenciés selon le genre. À quoi bon opter pour un système non genré alors ? Cela n’avait pas de quoi détendre l’atmosphère de ce qui devrait être la grand-messe du film flamand. Un an plus tard, il semble que les esprits se soient apaisés et que les organisateurs aient pris bonne note des griefs exposés.
Depuis l’été dernier, la procédure de vote a été révisée : les catégories hommes-femmes ne seront pas rétablies, mais la nouveauté est que seules les personnes travaillant dans les disciplines respectives disposeront d’une voix. Concrètement, des acteur·rices** éliront des acteur·rices, des réalisateur·rices éliront des réalisateur·rices, etc. Il suffit de parcourir la liste des nominé·es dans un rôle principal et dans un rôle secondaire pour constater qu’un soin minutieux a été apporté au respect de la parité tant pour les productions cinématographiques que télévisées. Pour l’heure, dans l’attente des résultats, tout le monde s’abstient de livrer un commentaire à l’emporte-pièce.
« Je trouve qu’il est prématuré de se prononcer sur ce sujet », confie Isabelle Van Hecke, pressentie pour le prix de “meilleur·e acteur·rice dans un second rôle” pour la série Nonkels . « À vrai dire, cette polémique ne me préoccupe pas spécialement, je la trouve plutôt stérile. » Daphne Agten, qui pourrait être la lauréate d’un Ensor de « meilleur·e acteur·rice dans un rôle principal », s’abstient elle aussi de toute déclaration retentissante. « Un pronostic me paraîtrait malhonnête vis-à-vis du festival. Attendons de voir ce qu’il adviendra, et nous pourrons ensuite évaluer. Ceci dit, idéalement, je voudrais qu’il y ait dix nominé·es par catégorie. »
À relire
[1]Cérémonie des Ensor : des prix non genrés, mais les actrices rentrent bredouilles…
En tant que président et porte-parole de l’Acteursgilde, l’association flamande de défense des intérêts des acteurs professionnels, Michaël Pas est disposé à en dire un peu plus. « L’an dernier, le très masculin film Wil a donné l’impression de rafler la mise ». Si on regarde les nominé·es de cette édition, on constate qu’il n’y a pas de grand·e favori·te. » Les 2 300 membres de la Ensor Academie auraient-ils tenu compte de l’issue du vote de l’an dernier ?
« Je crois que tout le monde est conscient de l’ampleur de la responsabilité qu’un tel scrutin implique », précise Michaël Pas. « Pas en raison de la question du genre, mais parce les représentants d’une discipline veulent élire la bonne personne. »
« Je ne cesserai pas de répéter que le plus important est de choisir les bon·nes lauréat·es », affirme Wim Vanseveren, président des Ensors. « Idéalement, il·elles recouvrent différents genres et plusieurs productions. Les résultats de l’année dernière ne nous ont pas donné satisfaction. Nous espérons que la nouvelle procédure de vote sera plus équitable. »
Mais le système a beau être juste, au moment d’attribuer les prix, on dépend toujours de l’offre. « Oui, c’est vrai. Par exemple, si on a un film sur des soldats ou des gangsters l’année prochaine, les nominations seront peut-être encore différentes. » Il ne craint toutefois pas une impasse. « On perçoit, notamment grâce à ces débats, une plus grande prise de conscience chez les scénaristes et les réalisateur·trices, qui cherchent à appliquer la diversité de manière naturelle. Et là, il n’est pas seulement question du genre, mais aussi des personnes de couleur ou porteuses d’un handicap, et ce, devant et derrière les écrans. C’est un travail de longue haleine. J’espère que ce premier test donnera des résultats probants, à défaut de quoi, nous devrons commencer à nous inquiéter. »
« C’est un processus de prise de conscience », souligne Ruth Becquart, nominée tant pour sa contribution au scénario de Julie zwijgt (Julie se tait) que pour son interprétation dans ce film. « Dans notre secteur, nous avons la possibilité de mener ce genre de discussions ouvertes, et il faut encourager cela. C’est à nous d’être visionnaires, en espérant que le reste de la société suivra. »
Daphne Agten espère quant à elle que, quel que soit le lauréat ou la lauréate, les Ensors seront bientôt de nouveau considérés comme une fête pour le secteur flamand de la culture. « Une chose est sûre : que je sois primée ou non, je fondrai en larmes, parce que je me réjouirai sincèrement pour les lauréat·es. (rires) Et il faut surtout célébrer le fait que, dans un petit pays comme le nôtre, on arrive à créer des séries et des films aussi divers. »
La cérémonie des Ensors aura lieu ce vendredi au Kursaal Oostende.
** Le recours à l’écriture inclusive dans cet article est un parti pris de la traductrice que nous avons conservé.
A relire
[2]Les prix TV des Kastaars : le show et la gêne de trop
[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/ceremonie-des-ensor-des-prix-non-genres-mais-les-actrices-rentrent-bredouilles/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/les-prix-tv-des-kastaars-le-show-et-la-gene-de-trop/
Depuis l’été dernier, la procédure de vote a été révisée : les catégories hommes-femmes ne seront pas rétablies, mais la nouveauté est que seules les personnes travaillant dans les disciplines respectives disposeront d’une voix. Concrètement, des acteur·rices** éliront des acteur·rices, des réalisateur·rices éliront des réalisateur·rices, etc. Il suffit de parcourir la liste des nominé·es dans un rôle principal et dans un rôle secondaire pour constater qu’un soin minutieux a été apporté au respect de la parité tant pour les productions cinématographiques que télévisées. Pour l’heure, dans l’attente des résultats, tout le monde s’abstient de livrer un commentaire à l’emporte-pièce.
« Je trouve qu’il est prématuré de se prononcer sur ce sujet », confie Isabelle Van Hecke, pressentie pour le prix de “meilleur·e acteur·rice dans un second rôle” pour la série Nonkels . « À vrai dire, cette polémique ne me préoccupe pas spécialement, je la trouve plutôt stérile. » Daphne Agten, qui pourrait être la lauréate d’un Ensor de « meilleur·e acteur·rice dans un rôle principal », s’abstient elle aussi de toute déclaration retentissante. « Un pronostic me paraîtrait malhonnête vis-à-vis du festival. Attendons de voir ce qu’il adviendra, et nous pourrons ensuite évaluer. Ceci dit, idéalement, je voudrais qu’il y ait dix nominé·es par catégorie. »
À relire
[1]Cérémonie des Ensor : des prix non genrés, mais les actrices rentrent bredouilles…
Impasse
En tant que président et porte-parole de l’Acteursgilde, l’association flamande de défense des intérêts des acteurs professionnels, Michaël Pas est disposé à en dire un peu plus. « L’an dernier, le très masculin film Wil a donné l’impression de rafler la mise ». Si on regarde les nominé·es de cette édition, on constate qu’il n’y a pas de grand·e favori·te. » Les 2 300 membres de la Ensor Academie auraient-ils tenu compte de l’issue du vote de l’an dernier ?
« Je crois que tout le monde est conscient de l’ampleur de la responsabilité qu’un tel scrutin implique », précise Michaël Pas. « Pas en raison de la question du genre, mais parce les représentants d’une discipline veulent élire la bonne personne. »
« Je ne cesserai pas de répéter que le plus important est de choisir les bon·nes lauréat·es », affirme Wim Vanseveren, président des Ensors. « Idéalement, il·elles recouvrent différents genres et plusieurs productions. Les résultats de l’année dernière ne nous ont pas donné satisfaction. Nous espérons que la nouvelle procédure de vote sera plus équitable. »
Mais le système a beau être juste, au moment d’attribuer les prix, on dépend toujours de l’offre. « Oui, c’est vrai. Par exemple, si on a un film sur des soldats ou des gangsters l’année prochaine, les nominations seront peut-être encore différentes. » Il ne craint toutefois pas une impasse. « On perçoit, notamment grâce à ces débats, une plus grande prise de conscience chez les scénaristes et les réalisateur·trices, qui cherchent à appliquer la diversité de manière naturelle. Et là, il n’est pas seulement question du genre, mais aussi des personnes de couleur ou porteuses d’un handicap, et ce, devant et derrière les écrans. C’est un travail de longue haleine. J’espère que ce premier test donnera des résultats probants, à défaut de quoi, nous devrons commencer à nous inquiéter. »
Esprit visionnaire
« C’est un processus de prise de conscience », souligne Ruth Becquart, nominée tant pour sa contribution au scénario de Julie zwijgt (Julie se tait) que pour son interprétation dans ce film. « Dans notre secteur, nous avons la possibilité de mener ce genre de discussions ouvertes, et il faut encourager cela. C’est à nous d’être visionnaires, en espérant que le reste de la société suivra. »
Daphne Agten espère quant à elle que, quel que soit le lauréat ou la lauréate, les Ensors seront bientôt de nouveau considérés comme une fête pour le secteur flamand de la culture. « Une chose est sûre : que je sois primée ou non, je fondrai en larmes, parce que je me réjouirai sincèrement pour les lauréat·es. (rires) Et il faut surtout célébrer le fait que, dans un petit pays comme le nôtre, on arrive à créer des séries et des films aussi divers. »
La cérémonie des Ensors aura lieu ce vendredi au Kursaal Oostende.
** Le recours à l’écriture inclusive dans cet article est un parti pris de la traductrice que nous avons conservé.
A relire
[2]Les prix TV des Kastaars : le show et la gêne de trop
[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/ceremonie-des-ensor-des-prix-non-genres-mais-les-actrices-rentrent-bredouilles/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/les-prix-tv-des-kastaars-le-show-et-la-gene-de-trop/