Le come-back de Bart De Pauw, star de la télé flamande condamnée pour harcèlement
([Culture et Médias] 2025-02-01 (Het Nieuwsblad))
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« Bienvenue à Melle », lance Bart De Pauw, ce lundi matin, dans le café De Frisse Jongen — la commune est celle dont est originaire son personnage le plus célèbre —, pour présenter à la presse sa tournée, au théâtre, qui débute à la fin du mois d’avril. C’est la première fois, depuis sa condamnation, que Bart De Pauw cherche à attirer les projecteurs.
Je suis assis au fond de la salle. Je couvre l’événement en tant que journaliste, mais c’est le héros de mon enfance qui se trouve face à moi. J’ai la trentaine et ai donc connu le Bart De Pauw acteur et producteur de télévision, qui était hilarant. Je trouve son humour génial, sans aucune exagération. À mes yeux, il n’a pas son pareil dans le milieu de la télévision flamande. J’ai grandi avec l’humour de Willy’s en Marjetten , je pense que Quiz me quick est l’émission la plus sous-estimée de l’histoire de la télévision flamande et j’ai vu Het geslacht De Pauw tant de fois que ce ne sont pas de simples répliques que je connais par cœur, mais des épisodes entiers.
Alors, à l’idée d’écouter Bart De Pauw faire des blagues en direct dans un cadre professionnel, je pensais que j’aurais toutes les peines du monde à savoir me tenir, à contenir des éclats de rire intempestifs. Mais lors de la grande présentation de son come-back, j’ai plutôt dû me retenir, en riant ostensiblement jaune, de remonter le moral à mon ancien héros d’enfance.
Le spectacle, pénible, commence environ une demi-heure avant le début de l’événement. Nous sommes invités à attendre devant la porte du café parce que « tout n’est pas encore prêt ». Mais alors que la presse fait le pied de grue sur le trottoir, William Vaesen, l’homme à l’origine du come-back de Bart De Pauw, qui est considéré comme le père spirituel de K3 et est le manager de la chanteuse Camille, vient immortaliser la scène. Un cliché sans doute destiné à témoigner de l’intérêt suscité par le retour de Bart De Pauw.
Lorsque nous sommes autorisés à entrer, nous sommes accueillis par le sketch dans lequel Bart De Pauw fait la publicité de son spectacle à Londres — republié sur les réseaux sociaux de l’humoriste quelques jours plus tôt, il est projeté sur grand écran dans le café. Après plusieurs rappels, on voit apparaître, en boucle, des personnalités flamandes qui souhaitent bonne chance à Bart De Pauw. Car cela vous a peut-être échappé, mais après que l’humoriste a appelé ses fans à lui envoyer des vidéos sur les réseaux sociaux, le week-end dernier, son équipe de direction a contacté des célébrités pour qu’elles fassent de même. C’est ainsi que sont diffusés, à Melle, des bons vœux arrachés à Marc Coucke ou à Piet Huysentruyt.
Bart De Pauw prend alors la parole : son appel a « provoqué des réactions en masse, de la part de fans, mais aussi de célébrités ». Il nous apprend également que « 30 000 billets se sont déjà vendus » et qu’il peut « annoncer aujourd’hui deux nouvelles dates, à Gand et à Anvers ». Vient alors le moment de dévoiler le titre du spectacle : Het uur van de olifant (« L’heure de l’éléphant »). Serait-ce une référence à l’éléphant dans la pièce, à savoir la condamnation du producteur de télévision pour des actes de harcèlement et des comportements abusifs, à l’origine de sa traversée du désert depuis près de huit ans ? « Eh bien, l’éléphant se décline sous de nombreuses formes », répond Bart De Pauw. « Les éléphants roses, l’éléphant dans le magasin de porcelaine, une mémoire d’éléphant… L’essentiel, c’est que l’on puisse rire librement. »
A relire
[1]Voici les « meilleures » émissions flamandes de l’année
Personne n’a ri, en tout cas, lorsque Bart De Pauw a expliqué qu’il « voulait quelque chose de plus lourd que lui sur l’affiche, d’où l’éléphant ». La deuxième blague sur son poids n’a pas davantage déridé l’auditoire : « Je voulais flotter au-dessus de la scène, comme Koen Wauters, mais ils n’arrivent pas à me hisser là-haut. » Silence pesant, également, lorsque l’écran affiche un Barack Obama généré par intelligence artificielle qui souhaite bonne chance à l’humoriste : « On a reçu sa vidéo à la dernière minute. »
Lorsque Bart De Pauw, en contemplant les trois équipes de télévision présentes, dit qu’il « ne savait pas qu’il y avait autant de chaînes », un seul rire retentit dans tout le café. Au comptoir, un fan de Bart De Pauw un peu trop enthousiaste suit la conférence de presse parmi les journalistes. Il est certes encouragé par le breuvage houblonné qu’il a ingurgité malgré l’heure matinale, mais il faut reconnaître que c’est de loin la meilleure plaisanterie qu’il nous a été donné d’entendre. Et lorsque le manager, William Vaesen, rompt le silence qui suit la conférence de presse en applaudissant bruyamment tout seul, la gêne est palpable.
On peut difficilement affirmer que la presse s’est mobilisée massivement, mais dans ce café de village exigu, la salle est vite bondée. « Je voulais m’entraîner à être devant une salle comble », lâche Bart De Pauw pour expliquer son choix. Son sentiment quant à la réussite de l’exercice ? « C’est un peu comme aller chez le dentiste : on espère que ça ira et qu’on n’aura pas de caries. » Une métaphore qui illustre parfaitement la façon dont s’est déroulée la mise en scène de son retour : dans la douleur.
A relire
[2]« Burn-out pour les débutants » : le spectacle pour rire en néerlandais et en français !
Ce sera « une belle soirée de divertissement », il y aura « des interactions avec le public entrecoupées de vidéos », Bart De Pauw poussera la chansonnette et, oui, l’« homme de Melle » fera son grand retour. On n’en saura pas plus sur le contenu de ce come-back. En plus de rester vague, Bart De Pauw cultive l’ambiguïté. D’un côté, il répète sans cesse que son spectacle n’est pas un retour dans le passé, mais de l’autre, on sait seulement, à ce stade, qu’il reprendra d’anciens personnages, en particulier l’« homme de Melle ». Interrogé sur l’opportunité d’inaugurer son come-back avec ce personnage masculin qui cherche désespérément à attirer l’attention des « jolies femmes âgées de 20 à 26 ans », il répond : « Nous y avons bien réfléchi et il doit être possible de proposer un “homme de Melle” qui a évolué avec son temps. Si on n’a pas envie de le voir, il suffit de ne pas prendre de places. »
Bart De Pauw a également affirmé ne pas craindre de tenir des propos osés. « Je pense qu’on peut toujours rire de tout. Simplement, on est devenu un peu plus chatouilleux. » Mais il estime que son type d’humour est toujours apprécié. « C’est pour mes fans que je fais tout ça. La journée de tournage à Londres, pour le sketch, a été formidable. Je ne veux plus me priver de ces choses-là. » Pour lui-même et pour sa solitude, après huit ans, on a envie, en tant que fan, de lui donner le feu vert. En espérant toutefois que les blagues seront de meilleure qualité.
A relire
[3]« Leadership toxique » à la VRT : comment des révélations au Parlement flamand ont éclipsé l’affaire De Pauw
[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/voici-les-meilleures-emissions-flamandes-de-lannee/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/burn-out-pour-les-debutants-le-spectacle-pour-rire-en-neerlandais-et-en-francais/
[3] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/leadership-toxique-a-la-vrt-comment-des-revelations-au-parlement-flamand-ont-eclipse-laffaire-de-pauw/
Je suis assis au fond de la salle. Je couvre l’événement en tant que journaliste, mais c’est le héros de mon enfance qui se trouve face à moi. J’ai la trentaine et ai donc connu le Bart De Pauw acteur et producteur de télévision, qui était hilarant. Je trouve son humour génial, sans aucune exagération. À mes yeux, il n’a pas son pareil dans le milieu de la télévision flamande. J’ai grandi avec l’humour de Willy’s en Marjetten , je pense que Quiz me quick est l’émission la plus sous-estimée de l’histoire de la télévision flamande et j’ai vu Het geslacht De Pauw tant de fois que ce ne sont pas de simples répliques que je connais par cœur, mais des épisodes entiers.
Alors, à l’idée d’écouter Bart De Pauw faire des blagues en direct dans un cadre professionnel, je pensais que j’aurais toutes les peines du monde à savoir me tenir, à contenir des éclats de rire intempestifs. Mais lors de la grande présentation de son come-back, j’ai plutôt dû me retenir, en riant ostensiblement jaune, de remonter le moral à mon ancien héros d’enfance.
L’éléphant dans la pièce
Le spectacle, pénible, commence environ une demi-heure avant le début de l’événement. Nous sommes invités à attendre devant la porte du café parce que « tout n’est pas encore prêt ». Mais alors que la presse fait le pied de grue sur le trottoir, William Vaesen, l’homme à l’origine du come-back de Bart De Pauw, qui est considéré comme le père spirituel de K3 et est le manager de la chanteuse Camille, vient immortaliser la scène. Un cliché sans doute destiné à témoigner de l’intérêt suscité par le retour de Bart De Pauw.
Lorsque nous sommes autorisés à entrer, nous sommes accueillis par le sketch dans lequel Bart De Pauw fait la publicité de son spectacle à Londres — republié sur les réseaux sociaux de l’humoriste quelques jours plus tôt, il est projeté sur grand écran dans le café. Après plusieurs rappels, on voit apparaître, en boucle, des personnalités flamandes qui souhaitent bonne chance à Bart De Pauw. Car cela vous a peut-être échappé, mais après que l’humoriste a appelé ses fans à lui envoyer des vidéos sur les réseaux sociaux, le week-end dernier, son équipe de direction a contacté des célébrités pour qu’elles fassent de même. C’est ainsi que sont diffusés, à Melle, des bons vœux arrachés à Marc Coucke ou à Piet Huysentruyt.
Bart De Pauw prend alors la parole : son appel a « provoqué des réactions en masse, de la part de fans, mais aussi de célébrités ». Il nous apprend également que « 30 000 billets se sont déjà vendus » et qu’il peut « annoncer aujourd’hui deux nouvelles dates, à Gand et à Anvers ». Vient alors le moment de dévoiler le titre du spectacle : Het uur van de olifant (« L’heure de l’éléphant »). Serait-ce une référence à l’éléphant dans la pièce, à savoir la condamnation du producteur de télévision pour des actes de harcèlement et des comportements abusifs, à l’origine de sa traversée du désert depuis près de huit ans ? « Eh bien, l’éléphant se décline sous de nombreuses formes », répond Bart De Pauw. « Les éléphants roses, l’éléphant dans le magasin de porcelaine, une mémoire d’éléphant… L’essentiel, c’est que l’on puisse rire librement. »
A relire
[1]Voici les « meilleures » émissions flamandes de l’année
Un seul rire et des applaudissements gênants
Personne n’a ri, en tout cas, lorsque Bart De Pauw a expliqué qu’il « voulait quelque chose de plus lourd que lui sur l’affiche, d’où l’éléphant ». La deuxième blague sur son poids n’a pas davantage déridé l’auditoire : « Je voulais flotter au-dessus de la scène, comme Koen Wauters, mais ils n’arrivent pas à me hisser là-haut. » Silence pesant, également, lorsque l’écran affiche un Barack Obama généré par intelligence artificielle qui souhaite bonne chance à l’humoriste : « On a reçu sa vidéo à la dernière minute. »
Lorsque Bart De Pauw, en contemplant les trois équipes de télévision présentes, dit qu’il « ne savait pas qu’il y avait autant de chaînes », un seul rire retentit dans tout le café. Au comptoir, un fan de Bart De Pauw un peu trop enthousiaste suit la conférence de presse parmi les journalistes. Il est certes encouragé par le breuvage houblonné qu’il a ingurgité malgré l’heure matinale, mais il faut reconnaître que c’est de loin la meilleure plaisanterie qu’il nous a été donné d’entendre. Et lorsque le manager, William Vaesen, rompt le silence qui suit la conférence de presse en applaudissant bruyamment tout seul, la gêne est palpable.
On peut difficilement affirmer que la presse s’est mobilisée massivement, mais dans ce café de village exigu, la salle est vite bondée. « Je voulais m’entraîner à être devant une salle comble », lâche Bart De Pauw pour expliquer son choix. Son sentiment quant à la réussite de l’exercice ? « C’est un peu comme aller chez le dentiste : on espère que ça ira et qu’on n’aura pas de caries. » Une métaphore qui illustre parfaitement la façon dont s’est déroulée la mise en scène de son retour : dans la douleur.
A relire
[2]« Burn-out pour les débutants » : le spectacle pour rire en néerlandais et en français !
Le nouvel « homme de Melle »
Ce sera « une belle soirée de divertissement », il y aura « des interactions avec le public entrecoupées de vidéos », Bart De Pauw poussera la chansonnette et, oui, l’« homme de Melle » fera son grand retour. On n’en saura pas plus sur le contenu de ce come-back. En plus de rester vague, Bart De Pauw cultive l’ambiguïté. D’un côté, il répète sans cesse que son spectacle n’est pas un retour dans le passé, mais de l’autre, on sait seulement, à ce stade, qu’il reprendra d’anciens personnages, en particulier l’« homme de Melle ». Interrogé sur l’opportunité d’inaugurer son come-back avec ce personnage masculin qui cherche désespérément à attirer l’attention des « jolies femmes âgées de 20 à 26 ans », il répond : « Nous y avons bien réfléchi et il doit être possible de proposer un “homme de Melle” qui a évolué avec son temps. Si on n’a pas envie de le voir, il suffit de ne pas prendre de places. »
Bart De Pauw a également affirmé ne pas craindre de tenir des propos osés. « Je pense qu’on peut toujours rire de tout. Simplement, on est devenu un peu plus chatouilleux. » Mais il estime que son type d’humour est toujours apprécié. « C’est pour mes fans que je fais tout ça. La journée de tournage à Londres, pour le sketch, a été formidable. Je ne veux plus me priver de ces choses-là. » Pour lui-même et pour sa solitude, après huit ans, on a envie, en tant que fan, de lui donner le feu vert. En espérant toutefois que les blagues seront de meilleure qualité.
A relire
[3]« Leadership toxique » à la VRT : comment des révélations au Parlement flamand ont éclipsé l’affaire De Pauw
[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/voici-les-meilleures-emissions-flamandes-de-lannee/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/burn-out-pour-les-debutants-le-spectacle-pour-rire-en-neerlandais-et-en-francais/
[3] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/leadership-toxique-a-la-vrt-comment-des-revelations-au-parlement-flamand-ont-eclipse-laffaire-de-pauw/