Préavis de grève à la SNCB: un cadeau inespéré pour le gouvernement De Wever
([Opinions, Politique, Société] 2025-02-01 (De Morgen))
- Reference: 2025-02_Belgaimage-112369237-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/preavis-de-greve-a-la-sncb-un-cadeau-inespere-pour-le-gouvernement-de-wever/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/de-buitensporige-stakingsaanzegging-bij-het-spoor-is-een-geweldig-cadeau-voor-de-regering-de-wever~b243c457/
Deux semaines après son intronisation, le tout nouveau gouvernement De Wever n’a guère eu matière à se réjouir. Hier, pourtant, c’est un cadeau, tout à fait inattendu, qui lui est tombé du ciel : un préavis déposé par quelques syndicats de cheminots — minoritaires et radicaux — pour neuf jours de grève, pas moins.
Excessive, contre-productive, cette menace déforce d’emblée toute velléité plus large, plus légitime, de mouvement sociétal d’opposition aux projets de réforme du gouvernement De Wever-1. Merci, les cheminots, se dit le gouvernement.
Cela vous paraît cynique ? C’est pourtant ce qui va se passer. Le préavis de grève émane d’une poignée de petits syndicats indépendants pratiquement sans soutien, même au sein de la SNCB, pratiquement sans relation avec les syndicats traditionnels. Il s’agit plutôt de guildes à l’ancienne, jalousement protectrices des intérêts de leurs propres membres – et de ces intérêts-là seuls. Par les postes qu’ils occupent — notamment dans les cabines de pilotage — leurs membres bénéficient à l’égard de l’entreprise et de ses clients, d’un vrai potentiel de nuisance, pouvoir qu’ils ont utilisé sans vergogne par le passé pour maintenir leurs privilèges.
On peut comprendre que les cheminots n’apprécient pas la volonté du gouvernement d’adapter leur — très favorable — régime de retraite. S’ils voulaient bien réfléchir ne fût-ce qu’un instant, ils devraient bien admettre que le privilège incomparable de pouvoir partir à la retraite à 55 ans est devenu totalement injustifiable. Même en tenant compte de leurs horaires de travail et de leurs déplacements — inconvénient qu’il n’est pas impensable de rémunérer. D’autant plus que l’intention du gouvernement reste raisonnable : il ne s’agit d’augmenter que d’un an l’âge du départ à la retraite, chaque année, et ce, pas avant 2027.
A relire
[1]Faire grève trop tôt, c’est envoyer un mauvais signal
Réagir à ce programme par un chapelet de grèves est inconsidéré et irresponsable. Et les conséquences pourraient en être fâcheuses. Point n’est besoin d’être devin pour prédire qu’une très large partie de la population réagira avec fureur à cette démonstration de force.
Or les subtilités relatives à la taille des syndicats, grands ou petits, échappent à la plupart des gens. La population retiendra que « les syndicats » vont trop loin, au prix d’une érosion de son soutien à une opposition sociétale plus large aux projets gouvernementaux. Là encore, il y a matière à discussion, mais ces protestations sont légitimes. On sait déjà que la majorité des élus associeront la manifestation syndicale d’aujourd’hui à cette action extrême. Il ne faudra pas s’étonner, ensuite, si certains remettent en question demain les droits et libertés dont bénéficient les syndicats.
Pour la SNCB et pour son personnel aussi, il pourrait y avoir des conséquences. Ce genre d’action suscite des idées de libéralisation et d’automatisation — après tout, des trains sans personnel, ça ne fait jamais grève.
Mais voilà : la boîte de Pandore est ouverte, et va bien voir si les cheminots pourront compter sur la solidarité des voyageurs. L’ancien patron socialiste Karel Van Miert avait l’habitude de dire que chaque grève des trains ne faisait que « droitiser » davantage les voyageurs restés sur le quai. Si les syndicats radicaux persistent dans leurs folies, la population va avoir neuf longues journées pour se droitiser. Avec les remerciements (d’une grande partie) du gouvernement.
A relire
[2]Syndicalisme en Flandre: une étude aux résultats suprenants
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/faire-greve-trop-tot-cest-envoyer-un-mauvais-signal/
[2] https://daardaar.be/rubriques/syndicats-en-flandre/
Excessive, contre-productive, cette menace déforce d’emblée toute velléité plus large, plus légitime, de mouvement sociétal d’opposition aux projets de réforme du gouvernement De Wever-1. Merci, les cheminots, se dit le gouvernement.
Cela vous paraît cynique ? C’est pourtant ce qui va se passer. Le préavis de grève émane d’une poignée de petits syndicats indépendants pratiquement sans soutien, même au sein de la SNCB, pratiquement sans relation avec les syndicats traditionnels. Il s’agit plutôt de guildes à l’ancienne, jalousement protectrices des intérêts de leurs propres membres – et de ces intérêts-là seuls. Par les postes qu’ils occupent — notamment dans les cabines de pilotage — leurs membres bénéficient à l’égard de l’entreprise et de ses clients, d’un vrai potentiel de nuisance, pouvoir qu’ils ont utilisé sans vergogne par le passé pour maintenir leurs privilèges.
On peut comprendre que les cheminots n’apprécient pas la volonté du gouvernement d’adapter leur — très favorable — régime de retraite. S’ils voulaient bien réfléchir ne fût-ce qu’un instant, ils devraient bien admettre que le privilège incomparable de pouvoir partir à la retraite à 55 ans est devenu totalement injustifiable. Même en tenant compte de leurs horaires de travail et de leurs déplacements — inconvénient qu’il n’est pas impensable de rémunérer. D’autant plus que l’intention du gouvernement reste raisonnable : il ne s’agit d’augmenter que d’un an l’âge du départ à la retraite, chaque année, et ce, pas avant 2027.
A relire
[1]Faire grève trop tôt, c’est envoyer un mauvais signal
Réagir à ce programme par un chapelet de grèves est inconsidéré et irresponsable. Et les conséquences pourraient en être fâcheuses. Point n’est besoin d’être devin pour prédire qu’une très large partie de la population réagira avec fureur à cette démonstration de force.
Or les subtilités relatives à la taille des syndicats, grands ou petits, échappent à la plupart des gens. La population retiendra que « les syndicats » vont trop loin, au prix d’une érosion de son soutien à une opposition sociétale plus large aux projets gouvernementaux. Là encore, il y a matière à discussion, mais ces protestations sont légitimes. On sait déjà que la majorité des élus associeront la manifestation syndicale d’aujourd’hui à cette action extrême. Il ne faudra pas s’étonner, ensuite, si certains remettent en question demain les droits et libertés dont bénéficient les syndicats.
Pour la SNCB et pour son personnel aussi, il pourrait y avoir des conséquences. Ce genre d’action suscite des idées de libéralisation et d’automatisation — après tout, des trains sans personnel, ça ne fait jamais grève.
Mais voilà : la boîte de Pandore est ouverte, et va bien voir si les cheminots pourront compter sur la solidarité des voyageurs. L’ancien patron socialiste Karel Van Miert avait l’habitude de dire que chaque grève des trains ne faisait que « droitiser » davantage les voyageurs restés sur le quai. Si les syndicats radicaux persistent dans leurs folies, la population va avoir neuf longues journées pour se droitiser. Avec les remerciements (d’une grande partie) du gouvernement.
A relire
[2]Syndicalisme en Flandre: une étude aux résultats suprenants
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/faire-greve-trop-tot-cest-envoyer-un-mauvais-signal/
[2] https://daardaar.be/rubriques/syndicats-en-flandre/