Fusillades à Anderlecht: «M. le ministre-président, que dois-je dire à mes enfants?»
([Opinions, Politique, Rubriques] 2025-02-01 (De Morgen))
- Reference: 2025-02_Belgaimage-111851260-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/fusillades-anderlecht-ministre-president-enfants/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/blijkbaar-boeit-het-de-minister-president-niet-dat-de-metro-een-schuilhol-voor-drugsgebruik-en-criminaliteit-is-geworden~becc9b9d/
L’un des éléments les plus cinglants de la fusillade survenue à Bruxelles à proximité de la station de métro Clémenceau a été de constater que celle-ci avait suscité bien davantage d’émoi à l’étranger qu’au sein même de la capitale.
En soi, il est parfaitement logique que les médias internationaux tirent la sonnette d’alarme en voyant de jeunes hommes vider le chargeur de leurs armes de guerre en pleine rue. Le lien avec le terrorisme est vite fait. Les Bruxellois, eux, ne savent hélas que trop bien que cette violence crue et nihiliste est le lot amer d’une ville plus que jamais en proie au trafic de drogues et d’armes. Ils sont déjà soulagés qu’il n’y ait aucune victime à déplorer.
Mais c’est un soulagement en trompe-l’œil, car tôt ou tard, il y aura des morts. Et les habitants, qui vivent déjà la peur au ventre, ne se soucieront alors pas de savoir qui d’un trafiquant de drogue ou d’un terroriste a pressé sur la cachette. La probabilité que la violence liée à la drogue ne tue des innocents est sans doute plus grande encore que le risque lié au terrorisme religieux. Le terrorisme urbain du crime organisé, c’est aussi du terrorisme.
Le contraste entre cette question prégnante et la passivité de notre classe politique dans la capitale est pour le moins saisissant. Rien ne saurait mieux illustrer la mollesse des élus locaux que l’impasse dans laquelle se trouvent depuis des mois les négociations en vue de former le nouveau gouvernement régional.
À relire
[1]Quand la criminalité à Bruxelles ne devient plus qu’un simple fait divers
Oui, je sais : sur le plan strictement institutionnel, la région n’est pas vraiment compétente en matière de sécurité. Le Premier ministre pourrait néanmoins jouer un rôle – crucial – de coordination. Il pourrait aussi et surtout faire résonner la voix de celle et ceux qui se disent profondément inquiets de cet abîme de violence dans lequel s’enfonce chaque jour un peu la ville.
Rudi Vervoort (PS), qui pour rappel est encore et toujours le ministre-président de la région, a toujours rechigné à le faire. L’épidémie de drogue qui gangrène sa ville ne semble pas l’intéresser. Pas davantage qu’il ne paraît se tourmenter de voir le métro – symbole d’une mobilité urbaine de bon aloi dans toute capitale – se transformer à toute barde en un repaire de drogués et de criminels ou qu’il ne semble s’émouvoir que la première impression des voyageurs débarquant dans sa ville soit celle de la désolation, des ordures et du chaos.
Mes enfants prennent le métro à Bruxelles tous les jours, que ce soit pour aller à l’école ou à leurs autres activités. Que dois-je leur dire, monsieur le ministre-président ? Dois-je leur faire avaler les conclusions hâtives de votre étude bâclée, menée hors contexte, qui démontrerait qu’il est inutile de trop réfléchir à l’organisation de la police dans une métropole ?
Beaucoup s’en sont étonnés, mais le nouveau gouvernement fédéral a décidé de prendre à bras le corps la fusion des six zones de police bruxelloise. Sans doute pas la solution miracle tant attendue, mais au moins une tentative, bien nécessaire, d’agir sur la sécurité dans la capitale. J’espère que le gouvernement persévérera dans cette voie et mènera ce projet à bien. Autant que j’espère que mes collègues commentateurs francophones pourront élargir leur champ de vision et aller au-delà du prisme strictement communautaire de ce dossier.
Pour le reste, je souhaite bonne chance aux élus bruxellois qui continuent de bloquer et de saboter la formation du futur exécutif. Bon courage à eux pour expliquer aux citoyens, tétanisés par la peur, que leurs priorités sont claires et bien définies. Si vous voulez mon avis, ils sont mal barrés.
À relire
[2]Violences liées à la drogue : pourquoi continuer à appliquer des remèdes inefficaces?
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/criminalite-bruxelles-simple-fait-divers/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/violences-liees-a-la-drogue-pourquoi-continuer-a-appliquer-des-remedes-inefficaces/
En soi, il est parfaitement logique que les médias internationaux tirent la sonnette d’alarme en voyant de jeunes hommes vider le chargeur de leurs armes de guerre en pleine rue. Le lien avec le terrorisme est vite fait. Les Bruxellois, eux, ne savent hélas que trop bien que cette violence crue et nihiliste est le lot amer d’une ville plus que jamais en proie au trafic de drogues et d’armes. Ils sont déjà soulagés qu’il n’y ait aucune victime à déplorer.
Mais c’est un soulagement en trompe-l’œil, car tôt ou tard, il y aura des morts. Et les habitants, qui vivent déjà la peur au ventre, ne se soucieront alors pas de savoir qui d’un trafiquant de drogue ou d’un terroriste a pressé sur la cachette. La probabilité que la violence liée à la drogue ne tue des innocents est sans doute plus grande encore que le risque lié au terrorisme religieux. Le terrorisme urbain du crime organisé, c’est aussi du terrorisme.
Le contraste entre cette question prégnante et la passivité de notre classe politique dans la capitale est pour le moins saisissant. Rien ne saurait mieux illustrer la mollesse des élus locaux que l’impasse dans laquelle se trouvent depuis des mois les négociations en vue de former le nouveau gouvernement régional.
À relire
[1]Quand la criminalité à Bruxelles ne devient plus qu’un simple fait divers
Oui, je sais : sur le plan strictement institutionnel, la région n’est pas vraiment compétente en matière de sécurité. Le Premier ministre pourrait néanmoins jouer un rôle – crucial – de coordination. Il pourrait aussi et surtout faire résonner la voix de celle et ceux qui se disent profondément inquiets de cet abîme de violence dans lequel s’enfonce chaque jour un peu la ville.
Rudi Vervoort (PS), qui pour rappel est encore et toujours le ministre-président de la région, a toujours rechigné à le faire. L’épidémie de drogue qui gangrène sa ville ne semble pas l’intéresser. Pas davantage qu’il ne paraît se tourmenter de voir le métro – symbole d’une mobilité urbaine de bon aloi dans toute capitale – se transformer à toute barde en un repaire de drogués et de criminels ou qu’il ne semble s’émouvoir que la première impression des voyageurs débarquant dans sa ville soit celle de la désolation, des ordures et du chaos.
Mes enfants prennent le métro à Bruxelles tous les jours, que ce soit pour aller à l’école ou à leurs autres activités. Que dois-je leur dire, monsieur le ministre-président ? Dois-je leur faire avaler les conclusions hâtives de votre étude bâclée, menée hors contexte, qui démontrerait qu’il est inutile de trop réfléchir à l’organisation de la police dans une métropole ?
Beaucoup s’en sont étonnés, mais le nouveau gouvernement fédéral a décidé de prendre à bras le corps la fusion des six zones de police bruxelloise. Sans doute pas la solution miracle tant attendue, mais au moins une tentative, bien nécessaire, d’agir sur la sécurité dans la capitale. J’espère que le gouvernement persévérera dans cette voie et mènera ce projet à bien. Autant que j’espère que mes collègues commentateurs francophones pourront élargir leur champ de vision et aller au-delà du prisme strictement communautaire de ce dossier.
Pour le reste, je souhaite bonne chance aux élus bruxellois qui continuent de bloquer et de saboter la formation du futur exécutif. Bon courage à eux pour expliquer aux citoyens, tétanisés par la peur, que leurs priorités sont claires et bien définies. Si vous voulez mon avis, ils sont mal barrés.
À relire
[2]Violences liées à la drogue : pourquoi continuer à appliquer des remèdes inefficaces?
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/criminalite-bruxelles-simple-fait-divers/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/violences-liees-a-la-drogue-pourquoi-continuer-a-appliquer-des-remedes-inefficaces/