Le Congo brûle et la Belgique regarde ailleurs
([Opinions, Politique] 2025-02-01 (De Standaard))
- Reference: 2025-02_Belgaimage-111328927-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/le-congo-brule-et-la-belgique-regarde-ailleurs/
- Source link: https://www.standaard.be/cnt/dmf20250203_95449847
Il fut un temps où les nouveaux ministres des Affaires étrangères commençaient leur mandat par une note sur l’Afrique. Lorsque Louis Michel (MR) occupait ce poste, le Congo fut marqué par des événements dramatiques. Une alliance de forces africaines internationales fit tomber le dictateur Mobutu et installa Laurent-Désiré Kabila à sa place. En coulisse, des diplomates belges s’activèrent avec succès pour mettre fin à la guerre, et des constitutionnalistes participèrent à la rédaction de la nouvelle constitution démocratique. Bref, le gouvernement belge de l’époque était activement engagé au Congo. Ce qui n’a pas manqué de lui valoir des critiques : Louis Michel fut accusé d’avoir « désigné » Kabila fils, Joseph, comme nouveau président.
À l’heure actuelle, des forces étrangères progressent à nouveau dans l’est du pays. Chaque jour depuis 30 ans au Congo, des personnes sont assassinées, des femmes violées, des enfants enlevés, des villages réduits en cendres, du bétail et des récoltes pillés. Les spéculations sur l’avenir du président, Félix Tshisekedi, vont bon train.
Le gouvernement De Wever fait fi de tout cela. Les mots « Congo » et « Afrique » ne figurent nulle part dans l’accord de gouvernement. Le dernier ministre des Affaires étrangères du gouvernement précédent, Bernard Quintin, un africaniste et un diplomate expérimenté, est désormais chargé de l’Intérieur. Son successeur est le bourgmestre de Namur. Que connaît-il de l’Afrique ? A-t-il le moindre intérêt pour les trois pays africains colonisés par la Belgique, dont deux se font actuellement la guerre ? Mesure-t-il l’importance du continent africain dans le contexte géopolitique actuel, ne serait-ce qu’en ce qui concerne les matières premières ?
On n’en sait rien. On sait, en revanche, qu’au cours des sept mois de négociations sur la formation, il n’a jamais, absolument jamais, été question de l’Afrique, du Congo, du Rwanda ou du Burundi. Voilà ce qui arrive quand une bande de bourgmestres ou d’aspirants bourgmestres prétend pouvoir diriger le pays ; quand le plus grand parti de gouvernement cherche uniquement, sans vergogne, à imposer son propre programme nationaliste et à scinder les institutions culturelles fédérales — parmi lesquelles l’AfricaMuseum, situé à Tervuren, qui fait l’objet de discussions animées, mais dont les négociateurs semblent n’avoir jamais entendu parler.
Il fut pourtant un temps où les nationalistes flamands s’intéressaient sérieusement à leurs semblables africains : Maurice Coppieters, Nelly Maes ou Bert Anciaux, pour n’en citer que quelques-uns. Mais de nos jours, même en cherchant bien, personne ne leur arrive à la cheville. À la réflexion, les négociateurs ont tout de même évoqué la question de la coopération au développement. Ces messieurs estiment que les crédits qui y sont alloués sont trop importants. Le budget est donc amputé de 25 % et le nombre de pays concernés est réduit — ceux qui restent se taillent donc la part du lion. La liste doit être arrêtée par le ministre très compétent, le bourgmestre de Namur. Le Congo continuera-t-il d’y figurer ? Dans l’affirmative, dans quels domaines la Belgique s’engagera-t-elle ? Il est à craindre que le sujet ne fasse pas beaucoup de bruit : il n’est pas électoralement payant.
A relire
[1]Une visite officielle au Congo qui ne doit pas prendre des airs de propagande électorale
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/une-visite-officielle-au-congo-qui-ne-doit-pas-prendre-des-airs-de-propagande-electorale/
À l’heure actuelle, des forces étrangères progressent à nouveau dans l’est du pays. Chaque jour depuis 30 ans au Congo, des personnes sont assassinées, des femmes violées, des enfants enlevés, des villages réduits en cendres, du bétail et des récoltes pillés. Les spéculations sur l’avenir du président, Félix Tshisekedi, vont bon train.
Le gouvernement De Wever fait fi de tout cela. Les mots « Congo » et « Afrique » ne figurent nulle part dans l’accord de gouvernement. Le dernier ministre des Affaires étrangères du gouvernement précédent, Bernard Quintin, un africaniste et un diplomate expérimenté, est désormais chargé de l’Intérieur. Son successeur est le bourgmestre de Namur. Que connaît-il de l’Afrique ? A-t-il le moindre intérêt pour les trois pays africains colonisés par la Belgique, dont deux se font actuellement la guerre ? Mesure-t-il l’importance du continent africain dans le contexte géopolitique actuel, ne serait-ce qu’en ce qui concerne les matières premières ?
On n’en sait rien. On sait, en revanche, qu’au cours des sept mois de négociations sur la formation, il n’a jamais, absolument jamais, été question de l’Afrique, du Congo, du Rwanda ou du Burundi. Voilà ce qui arrive quand une bande de bourgmestres ou d’aspirants bourgmestres prétend pouvoir diriger le pays ; quand le plus grand parti de gouvernement cherche uniquement, sans vergogne, à imposer son propre programme nationaliste et à scinder les institutions culturelles fédérales — parmi lesquelles l’AfricaMuseum, situé à Tervuren, qui fait l’objet de discussions animées, mais dont les négociateurs semblent n’avoir jamais entendu parler.
Il fut pourtant un temps où les nationalistes flamands s’intéressaient sérieusement à leurs semblables africains : Maurice Coppieters, Nelly Maes ou Bert Anciaux, pour n’en citer que quelques-uns. Mais de nos jours, même en cherchant bien, personne ne leur arrive à la cheville. À la réflexion, les négociateurs ont tout de même évoqué la question de la coopération au développement. Ces messieurs estiment que les crédits qui y sont alloués sont trop importants. Le budget est donc amputé de 25 % et le nombre de pays concernés est réduit — ceux qui restent se taillent donc la part du lion. La liste doit être arrêtée par le ministre très compétent, le bourgmestre de Namur. Le Congo continuera-t-il d’y figurer ? Dans l’affirmative, dans quels domaines la Belgique s’engagera-t-elle ? Il est à craindre que le sujet ne fasse pas beaucoup de bruit : il n’est pas électoralement payant.
A relire
[1]Une visite officielle au Congo qui ne doit pas prendre des airs de propagande électorale
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/une-visite-officielle-au-congo-qui-ne-doit-pas-prendre-des-airs-de-propagande-electorale/