« Je n’aimerais pas être une personne transgenre aux États-Unis »
([Société] 2025-01-01 (Het Belang Van Limburg))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/je-naimerais-pas-etre-une-personne-transgenre-aux-etats-unis/
- Source link: https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20250122_96141813
La communauté LGBTQ+ du Limbourg exprime son indignation face aux déclarations et aux nouvelles propositions de loi du président américain Donald Trump. « Ces mesures entraineront une crise d’identité au sein de la jeune génération. On revient cinquante ans en arrière. »
Exit les opérations de changement de sexe pour les enfants. Tout comme les programmes de diversité, et la mention « x » sur les cartes d’identité. Voilà un échantillon des mesures que le nouveau président Donald Trump a annoncées ces derniers jours. « Dès le premier jour de mon mandat, il n’y aura officiellement plus que deux sexes aux États-Unis : le masculin, et le féminin », a-t-il fermement déclaré. Cette proposition doit encore se traduire en loi.
« Nous sommes profondément choqués », confie Eliane Luys (62 ans), présidente de la Regenbooghuis (Maison Arc-en-Ciel, ndlr) du Limbourg, à Hasselt. « Mais en même temps, il fallait s’y attendre : depuis huit ans, Trump mobilise une grande partie des conservateurs. À force, on ne voit plus le danger, jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que les droits acquis des personnes LGBTQ+ soient soudain bafoués. S’il s’en prend également à l’enseignement, on se retrouvera avec une nouvelle génération de jeunes en manque de repères identitaires. C’est comme faire un bond de cinquante ans en arrière. »
Eliane, qui est bénévole depuis 40 ans, avoue se sentir découragée. « Ces dernières décennies, nous avons réalisé toute une série de progrès, mais aujourd’hui, c’est comme si le château de cartes s’écroulait. Et le constat est le même ici en Belgique. Je donne des formations dans des écoles pour des jeunes qui se cherchent encore. La plupart des groupes sont ouverts et chaleureux, mais récemment, six jeunes élèves ont fait preuve d’un réel mépris envers moi. Parce que je suis lesbienne, ils estimaient que je n’avais pas le droit de m’exprimer. Ils détestaient le drapeau LGBTQ+ et pensaient qu’une femme devait rester au foyer. J’étais complètement bouleversée. »
« Il s’avère que la société est de plus en plus polarisée. C’est pourquoi chez nous, à la Maison Arc-en-Ciel, nous tentons de jeter des ponts. Le travail de sensibilisation ne doit jamais cesser. Même aux États-Unis, où la situation est encore bien pire qu’ici, les parties antagonistes devront tôt ou tard trouver un terrain d’entente », avance Eliane Luys.
« La situation est inquiétante », déplore quant à lui Bert Brone (42 ans), président de Limburg Pride, originaire de Lanaken. « Les mesures de Trump représentent une attaque contre la diversité et l’inclusion. Ce sont surtout les personnes trans et leurs droits acquis qui sont dans le viseur. Le reste de la communauté LGBTQ+ est encore relativement épargnée par le président américain, mais peut-être plus pour longtemps », avertit-il.
« L’argument avancé par Trump pour interdire les opérations de changement de sexe chez les enfants est qu’il faut les protéger. En un sens, il n’a pas tort. Mais les enfants doivent aussi pouvoir être eux-mêmes, il faut les laisser grandir de manière autonome. Et en retirant la mention ‘x’ sur les cartes d’identité, de nombreuses personnes se voient privées d’identité. Le problème, c’est que cette tendance risque de s’inviter chez nous, en Europe, ce qui mettrait en péril notre légitimité. En Belgique, nous avons heureusement encore des lois qui nous protègent, mais en Hongrie, en Pologne et en Italie, la situation est plus précaire. »
Soffia Moës (42 ans), originaire de Tongres-Borgloon, est née homme et est aujourd’hui une femme. « Personnellement, je ne regarde pas trop ce qu’il se passe actuellement aux États-Unis, car cela ne m’affecte pas directement. Il n’empêche que j’éprouve beaucoup d’empathie pour les transgenres qui vivent dans ce pays. Je ne voudrais pas être à leur place aujourd’hui. Tout au long de ma vie, j’ai rencontré des obstacles et subi des brimades. Outre-Atlantique, les personnes comme moi vivent ces difficultés à une bien plus grande échelle. Cela dit, je ne pense pas que ces nouvelles lois changeront grand-chose. Si un enfant veut vraiment effectuer une transition, il ira dans un autre pays pour se faire opérer, c’est tout. »
En Belgique aussi, Soffia constate que la diversité essuie des critiques. « Mais, personnellement, j’en souffre peu. De temps à autre, dans ma fromagerie (ROK4, à Tongres), un client m’appelle ‘monsieur’. Si cela arrive une ou deux fois, je laisse passer. L’erreur est humaine. Mais s’il persiste, je réponds fermement : ‘Écoutez. J’ai des seins, j’ai été opérée et il est écrit « f » sur ma carte d’identité. Alors, homme ou femme, selon vous ?’ Tout de suite, ils sont dans l’embarras. Mais si on ne dit rien, ils continuent. »
« Notez que les personnes transgenres ne sont pas exemptes de tout reproche aux États-Unis », nuance Soffia. « Là-bas, on assiste parfois à des discussions loufoques sur les questions de genre, et les parties prenantes ne cessent de s’invectiver. Il n’y pas de respect mutuel, alors que c’est la base ! Cela dit, ce climat ne m’empêche pas de voyager aux États-Unis pour autant. J’ai déjà visité Washington D.C. et Las Vegas, et je ne m’y suis absolument pas sentie en insécurité. Dans la rue, les passants ne font tout simplement pas attention à vous. Ils ont déjà assez de soucis ! »
Exit les opérations de changement de sexe pour les enfants. Tout comme les programmes de diversité, et la mention « x » sur les cartes d’identité. Voilà un échantillon des mesures que le nouveau président Donald Trump a annoncées ces derniers jours. « Dès le premier jour de mon mandat, il n’y aura officiellement plus que deux sexes aux États-Unis : le masculin, et le féminin », a-t-il fermement déclaré. Cette proposition doit encore se traduire en loi.
« Nous sommes profondément choqués », confie Eliane Luys (62 ans), présidente de la Regenbooghuis (Maison Arc-en-Ciel, ndlr) du Limbourg, à Hasselt. « Mais en même temps, il fallait s’y attendre : depuis huit ans, Trump mobilise une grande partie des conservateurs. À force, on ne voit plus le danger, jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que les droits acquis des personnes LGBTQ+ soient soudain bafoués. S’il s’en prend également à l’enseignement, on se retrouvera avec une nouvelle génération de jeunes en manque de repères identitaires. C’est comme faire un bond de cinquante ans en arrière. »
Polarisation
Eliane, qui est bénévole depuis 40 ans, avoue se sentir découragée. « Ces dernières décennies, nous avons réalisé toute une série de progrès, mais aujourd’hui, c’est comme si le château de cartes s’écroulait. Et le constat est le même ici en Belgique. Je donne des formations dans des écoles pour des jeunes qui se cherchent encore. La plupart des groupes sont ouverts et chaleureux, mais récemment, six jeunes élèves ont fait preuve d’un réel mépris envers moi. Parce que je suis lesbienne, ils estimaient que je n’avais pas le droit de m’exprimer. Ils détestaient le drapeau LGBTQ+ et pensaient qu’une femme devait rester au foyer. J’étais complètement bouleversée. »
« Il s’avère que la société est de plus en plus polarisée. C’est pourquoi chez nous, à la Maison Arc-en-Ciel, nous tentons de jeter des ponts. Le travail de sensibilisation ne doit jamais cesser. Même aux États-Unis, où la situation est encore bien pire qu’ici, les parties antagonistes devront tôt ou tard trouver un terrain d’entente », avance Eliane Luys.
Les personnes trans dans le viseur
« La situation est inquiétante », déplore quant à lui Bert Brone (42 ans), président de Limburg Pride, originaire de Lanaken. « Les mesures de Trump représentent une attaque contre la diversité et l’inclusion. Ce sont surtout les personnes trans et leurs droits acquis qui sont dans le viseur. Le reste de la communauté LGBTQ+ est encore relativement épargnée par le président américain, mais peut-être plus pour longtemps », avertit-il.
« L’argument avancé par Trump pour interdire les opérations de changement de sexe chez les enfants est qu’il faut les protéger. En un sens, il n’a pas tort. Mais les enfants doivent aussi pouvoir être eux-mêmes, il faut les laisser grandir de manière autonome. Et en retirant la mention ‘x’ sur les cartes d’identité, de nombreuses personnes se voient privées d’identité. Le problème, c’est que cette tendance risque de s’inviter chez nous, en Europe, ce qui mettrait en péril notre légitimité. En Belgique, nous avons heureusement encore des lois qui nous protègent, mais en Hongrie, en Pologne et en Italie, la situation est plus précaire. »
« Monsieur »
Soffia Moës (42 ans), originaire de Tongres-Borgloon, est née homme et est aujourd’hui une femme. « Personnellement, je ne regarde pas trop ce qu’il se passe actuellement aux États-Unis, car cela ne m’affecte pas directement. Il n’empêche que j’éprouve beaucoup d’empathie pour les transgenres qui vivent dans ce pays. Je ne voudrais pas être à leur place aujourd’hui. Tout au long de ma vie, j’ai rencontré des obstacles et subi des brimades. Outre-Atlantique, les personnes comme moi vivent ces difficultés à une bien plus grande échelle. Cela dit, je ne pense pas que ces nouvelles lois changeront grand-chose. Si un enfant veut vraiment effectuer une transition, il ira dans un autre pays pour se faire opérer, c’est tout. »
En Belgique aussi, Soffia constate que la diversité essuie des critiques. « Mais, personnellement, j’en souffre peu. De temps à autre, dans ma fromagerie (ROK4, à Tongres), un client m’appelle ‘monsieur’. Si cela arrive une ou deux fois, je laisse passer. L’erreur est humaine. Mais s’il persiste, je réponds fermement : ‘Écoutez. J’ai des seins, j’ai été opérée et il est écrit « f » sur ma carte d’identité. Alors, homme ou femme, selon vous ?’ Tout de suite, ils sont dans l’embarras. Mais si on ne dit rien, ils continuent. »
Respect mutuel
« Notez que les personnes transgenres ne sont pas exemptes de tout reproche aux États-Unis », nuance Soffia. « Là-bas, on assiste parfois à des discussions loufoques sur les questions de genre, et les parties prenantes ne cessent de s’invectiver. Il n’y pas de respect mutuel, alors que c’est la base ! Cela dit, ce climat ne m’empêche pas de voyager aux États-Unis pour autant. J’ai déjà visité Washington D.C. et Las Vegas, et je ne m’y suis absolument pas sentie en insécurité. Dans la rue, les passants ne font tout simplement pas attention à vous. Ils ont déjà assez de soucis ! »