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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

La Belgique n’est pas prête à affronter une multiplication des feux de forêt

([Environnement, Société] 2025-01-01 (VRT NWS))


Au cours des 20 prochaines années, le nombre de feux de forêt ou dans des réserves naturelles augmentera aussi en Belgique en raison du réchauffement de la planète, mais notre pays n’est pas encore prêt à affronter ce défi. C’est la mise en garde que lance le CERAC, le Centre d’analyse des risques liés au changement climatique, fondé en 2021 à la suite des inondations dramatiques survenues dans la vallée de la Vesdre. Ces dernières ont fait 39 morts, touché plus de 100.000 citoyens et engendré un coût total estimé à 2,57 milliards d’euros. Il faut d’urgence investir dans la lutte contre les incendies, dans des systèmes d’alerte et la recherche scientifique, souligne Luc Bas, directeur du Cerac.

La Belgique ne connaitra jamais des incendies de l’ampleur de ceux qui ravagent actuellement Los Angeles et ses alentours, aux Etats-Unis. Elle possède tout simplement trop peu de forêts, et les zones de nature y sont trop fragmentées. Notre pays doit néanmoins s’attendre à voir davantage de feux de forêt et dans des zones naturelles d’ici 15 à 20 ans.

Le réchauffement climatique entraine en effet davantage de vagues de chaleur et de sécheresse, qui forment le terreau idéal pour des feux. Et ces derniers peuvent engendrer des dégâts considérables. En 2011, quelque 2.000 hectares de la lande du parc national Kalmthoutse Heide, en province anversoise, étaient ainsi partis en fumée.

« Ce désastre a été un déclencheur », estime Luc Bas, directeur du Centre d’analyse des risques liés au changement climatique. « Le Centre de crise national s’est davantage engagé dans ce domaine et à Anvers un réseau pour les feux de forêt a été mis en place ».

« Mais entretemps, 13 ans se sont écoulés, et l’attention se relâche. Après une catastrophe, tout le monde veut entrer en action. Mais nous avons à nouveau pu le constater après les inondations de l’été 2021 : il s’agit de poursuivre cette action à long terme et de ne pas laisser l’attention diminuer ».

À relire

[1]Inondations en Espagne : un avertissement pour la Flandre et sa gestion de l’eau

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De nouveaux investissements



Le Cerac travaille actuellement à une analyse du risque des feux de forêt en Belgique, en collaboration avec l’Institut géographique national. Elle doit cartographier les connaissances et la préparation existantes pour lutter contre des feux de forêt.

Il n’existe par exemple encore aucune donnée sur les dangers d’incendie pour des bâtiments, voire même pour des quartiers entiers. La résolution actuelle d’enregistrements effectués par des satellites reste notamment un défi. Elle est en effet encore trop grande que pour pouvoir détecter à temps des feux de forêt à l’échelle belge.

« Dans 15 à 20 ans, des feux de forêt se produiront plus souvent et seront plus graves chez nous aussi. Plusieurs incendies pourraient se produire en même temps. La capacité actuelle d’y réagir ne sera alors pas suffisante pour lutter contre les flammes », met en garde le Cerac.

« Les scientifiques, les planificateurs en cas de catastrophes, les services de pompiers et les gestionnaires de sites sont conscients du risque croissant et de la nécessité de s’y préparer. Mais cela ne se fait pas encore de manière assez efficace, en raison d’un manque de coordination. A l’heure actuelle, il n’y a pas non plus suffisamment d’attention politique pour en faire une priorité ».

Dans la pratique, il faut d’urgence des ressources. Par exemple, il faudrait investir dans des recherches scientifiques sur les feux de forêt survenus par le passé. Mais il faudrait aussi investir dans des systèmes d’alerte, dans des modèles informatiques qui calculent les risques futurs, et dans l’alignement de toutes les initiatives existantes.

« Je le répète, avec toute la nuance nécessaire. Nous ne devons pas craindre chez nous des énormes feux de forêt comme ils se produisent aux Etats-Unis ou dans le sud de la France. Le risque est plus limité en Belgique, mais il va certainement augmenter. Et nous ferions bien de nous y préparer », concluait Luc Bas du Cerac. L’un des objectifs principaux de cette structure indépendante est d’accroitre la sécurité et la résilience de notre pays face au changement climatique.



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/inondations-en-espagne-un-avertissement-pour-la-flandre-et-sa-gestion-de-leau/



The bigger they are, the harder they hit.