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Les cours de néerlandais ont-ils toujours été facultatifs en Wallonie ?

([Société] 2025-01-01 (DaarDaar))


En 20 ans, le nombre d’étudiants wallons qui choisit le néerlandais en première langue moderne a diminué de moitié. Dans ce contexte, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles compte imposer le néerlandais (ou l’allemand) en Wallonie en 2027. L’apprentissage du néerlandais a-t-il toujours été facultatif dans le sud du pays ? Retour dans le temps grâce à une étude de l’UNamur.

« Lors de la création de la Belgique, le néerlandais n’était pas populaire en Wallonie car le Roi Guillaume Ier des Pays-Bas voulait étendre l’influence du néerlandais sur les territoires qui sont ensuite devenus la Belgique et la Wallonie « , explique Ilias Vierendeels, doctorant à l’Université de Namur et coauteur de [1]la publication « Obligation ou simple possibilité ? 180 ans de langue de l’autre dans l’enseignement belge » .

Près de deux centenaires après l’indépendance de la Belgique, la menace d’un rattachement aux Pays-Bas n’est plus à craindre du côté wallon. Pourtant, le néerlandais n’a toujours pas la cote auprès des élèves dans le sud du pays : seulement un étudiant sur quatre a choisi la langue de [2]Pommelien Thijs comme première langue moderne, selon [3]des chiffres récoltés par nos collègues de RTL .

À la création de la Belgique, la liberté de choix prévaut



Entre « obligation » et « simple possibilité », l’apprentissage du néerlandais en Wallonie a connu des hauts et des bas. Lors de sa création en 1830, la jeune Belgique attache une grande importance aux langues modernes, mais évite de prendre des engagements majeurs, souligne Ilias Vierendeels. L’apprentissage d’une deuxième langue fait alors partie des matières non obligatoires de l’enseignement primaire entre 1842 et 1914.

Pour ce qui est du cycle secondaire, des réformes de l’enseignement en 1831 et 1850 mettent l’accent sur la connaissance des langues, en particulier avec une attention pour le français, l’allemand et l’anglais. Le néerlandais n’est alors – surtout en Wallonie – pas populaire en raison du passé historique avec les Pays-Bas.

Obliger sans obliger : un exemple typiquement belge



L’année 1932 marque un premier changement décisif dans l’enseignement des langues en Belgique. Les écoles primaires « peuvent organiser un cours didactique de seconde langue » à partir de la cinquième primaire. Cette possibilité reste assez vague puisque le texte ne précise de quelle langue seconde il s’agit, note le chercheur.

En secondaire, au moins quatre heures de cours par semaine sont obligatoirement consacrées à l’enseignement d' »une seconde langue », sans spécifier laquelle. Même si le flou subsiste quelque temps, des circulaires dans les années suivantes laissent entendre qu’il s’agirait de « la langue de l’autre ».

En 1963, une nouvelle loi linguistique voit le jour, dans un contexte de tensions communautaires croissantes. Ce n’est donc pas un hasard qu’elle a été adoptée le 11 juillet, journée de la Communauté flamande. Le ministre socialiste Victor Larock de l’époque évoque alors au Parlement une « simple possibilité » concernant l’enseignement des langues étrangères modernes, une continuation de la loi de 1932, en somme.

« L’enseignement des langues modernes était facultatif, mais si les écoles choisissaient de le faire, alors le néerlandais devait être obligatoire en Wallonie et le français en Flandre. »

La nouveauté en 1963, c’est que « la seconde langue » est dorénavant explicitement définie pour le primaire : le français pour la région linguistique néerlandaise, le néerlandais pour la région linguistique française et l’allemand dans quelques arrondissements. En revanche, aucune trace de changement pour l’enseignement secondaire.

« Décider de manière ambiguë, c’est aussi décider », explique Ilias Vierendeels : « L’enseignement des langues modernes était facultatif, mais si les écoles choisissaient de le faire, alors le néerlandais devait être obligatoire en Wallonie et le français en Flandre. Ces lois contiennent délibérément une grande ambiguïté, afin de couvrir autant de sensibilités que possible et permettre à chacun de vendre la décision politique à sa base électorale. C’est typiquement belge. »

[4]« Les Wallons ne méprisent pas le néerlandais, ils ont juste peur »

Années 1970 : retour du libre choix



En 1970, une première révision de la Constitution consacre les trois Communautés culturelles, une demande répondant à l’aspiration des Flamands à l’autonomie culturelle. En d’autres mots, certaines compétences liées à l’enseignement sont communautarisées.

Au même moment, le ministre socialiste de l’Enseignement, Abel Dubois, réinstaure la liberté de choix pour la première et la deuxième langue moderne dans les écoles secondaires dans une circulaire.

Deux ans plus tard, les nationalistes flamands réclament en vain une modification de la loi sur l’enseignement de 1963 pour permettre aux écoles non seulement de déterminer si elles proposent des langues étrangères modernes, mais aussi de choisir entre le français, l’allemand ou l’anglais.

En réaction, René Bourgeois, élu du Front Démocratique des Francophones (FDF), dépose des propositions similaires pour l’enseignement francophone. Connu pour son opposition à l’enseignement du néerlandais en Wallonie, il plaide lui aussi pour un choix entre le néerlandais, l’allemand et/ou l’anglais.

Après quelques relectures par le Conseil d’État, deux décrets voient le jour : un en 1975 pour l’enseignement primaire et l’autre en 1980 pour l’enseignement secondaire qui permettent le libre choix entre le néerlandais, l’allemand et l’anglais pour l’enseignement primaire en Wallonie.

[5]Belges, Wallons, Flamands? Retour historique sur des identités sous tension

1989 : L’enseignement devient une compétence communautaire



En 1989, lors de la troisième réforme de l’État, l’enseignement devient une compétence communautaire à part entière. Au fur et à mesure des années, on assiste alors à des approches différentes au nord et au sud du pays.

L’apprentissage du français devient par exemple obligatoire en cinquième et sixième primaires en Flandre à partir de 2004 alors que l’initiation à une autre langue (l’allemand et l’anglais) peut aussi avoir lieu déjà avant la cinquième année.

En Wallonie, en 1998, l’enseignement des langues modernes dans les écoles primaires doit comprendre au moins deux heures de cours par semaine à partir de la cinquième primaire et les élèves ont le choix entre le néerlandais, l’allemand ou l’anglais.

Le principe des écoles en immersion fait aussi son apparition : l’enseignement multilingue dans les écoles maternelles, primaires et secondaires est autorisé et le programme peut dès lors se dérouler en partie en néerlandais, anglais, allemand ou en langue des signes française de Belgique.

Vers le néerlandais obligatoire en 2027 ?



Lors de la précédente législature, la ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de l’époque, Caroline Désir, annonce que l’apprentissage du néerlandais, ou de l’allemand, soit imposé en Wallonie comme c’est déjà le cas à Bruxelles dès la troisième primaire, à partir de la rentrée 2027-2028. La ministre socialiste n’a néanmoins pas pu concrétiser sa note d’orientation avant la fin de la législature.

Dans sa déclaration politique communautaire, le nouveau gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles affirme également sa volonté d’imposer l’apprentissage du néerlandais ou de l’allemand d’ici 2027. Cette ambition se heurte cependant à une pénurie persistante d’enseignants déjà présente sur le marché du travail, accentuée par l’absence de diplômés en 2026 en raison du passage des études de trois à quatre ans pour les professeurs.

[6]Awel Awel, le nouveau site pour apprendre le néerlandais en ligne!

Pour répondre à ce défi, des mesures concrètes sont prévues dans le budget 2025 avec l’extension des « pools » de remplacement à Namur et Luxembourg pour un coût de 1,5 million d’euros, l’idée étant de pallier les absences d’enseignants et d’assurer une continuité pédagogique.

La ministre de l’Enseignement Glatigny (MR) a aussi prévu une valorisation salariale destinée aux professionnels souhaitant se reconvertir en enseignants de langues, représentant un investissement de 3,5 millions d’euros.

Objectif réalisable ?



Ces efforts seront-ils suffisants pour permettre d’imposer le néerlandais aux élèves wallons ? Selon, Laurence Mettewie, professeure de néerlandais à l’UNamur et coauteure de l’étude, cette mesure a une forte portée symbolique : « Cette décision est symboliquement très importante parce que ça montre une ouverture, un intérêt pour l’autre communauté. Cela prend aussi en compte des intérêts économiques et d’employabilité qui pourraient être renforcés par la connaissance de la langue du nord du pays . »

Selon la linguiste, cette mesure permettrait aussi de mettre en contact toute une série d’élèves qui n’auraient peut-être jamais imaginé suivre le néerlandais et qui sont nourris de stéréotypes négatifs : « Ils pourraient découvrir que, en fait, c’est une langue qui n’est pas si difficile, que c’est une langue qui a toutes sortes d’attraits et qui permet de faire plein de choses comme le font les jeunes de leur âge de l’autre côté de la frontière linguistique . »

Laurence Mettewie met néanmoins en garde : « Pour mener à bien ce projet dans de bonnes conditions, on doit trouver les enseignants, et surtout des enseignants qui ont une très bonne maîtrise du néerlandais, qui sont passionnés et passionnants et qui vont pouvoir stimuler et rendre ce néerlandais attractif alors qu’il pâtit d’une image assez négative au sud du pays. »

[7]Séries, podcasts, sites web… voici nos idées pour apprendre le néerlandais en s’amusant !

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[1] https://pure.unamur.be/ws/portalfiles/portal/102334252/Vierendeels_Mettewie_2024_Neerlandia_Verplichting-of-simple-possibilit_.pdf

[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/et-si-vous-ecoutiez-un-peu-de-musique-flamande/

[3] https://www.rtl.be/actu/belgique/societe/difficile-moche-et-impose-pourquoi-le-neerlandais-fait-fuir-la-plupart-des/2024-12-16/article/732269

[4] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/wallons-ne-meprisent-neerlandais-ont-simplement-peur/

[5] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/belges-wallons-flamands-retour-historique-sur-des-identites-sous-tension/

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