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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Malgré son élection à la Chambre, Petra De Sutter lâche son parti

([Opinions, Politique] 2025-01-01 (De Morgen))


La cheffe de file écologiste Petra De Sutter souhaite abandonner son siège au Parlement pour devenir rectrice de l’Université de Gand. Et cela embarrasse Groen, son parti défait aux urnes. L’Open Vld, autre perdant des élections voit, en revanche, ses anciens ministres chevronnés comme Vincent Van Quickenborne, Gwendolyn Rutten et, pour l’instant, Alexander De Croo, s’agripper à leur mandat. Et cela met aussi le parti en difficulté. Voilà une contradiction qui ne manque pas d’intérêt. Quelles qu’elles soient, les décisions des responsables politiques sont-elles vouées à déplaire ?

La grande différence entre Petra De Sutter et ces figures libérales est la durée au pouvoir. Petra De Sutter a beau arguer qu’elle ne peut pas rester éternellement la figure de proue du parti, sa carrière au sommet de la politique aura été éclair : une législature et une campagne électorale. Indépendamment de son âge, son départ est donc pour le moins précoce.

On ne peut pas en dire autant des libéraux flamands qui, pendant des années, ont enchaîné les mandats. Leurs carrières respectives n’ont en aucun cas été les échecs que leurs détracteurs s’empressent aujourd’hui de leur prêter. Vincent Van Quickenborne, par exemple, n’a pas démérité à la Justice, jusqu’à ce que les choses tournent mal. Néanmoins, la défaite électorale du 9 juin est largement une responsabilité collective. Un pas de côté pour céder la place à de nouvelles figures serait donc le bienvenu.

Dans le courriel qu’elle adresse aux membres de son parti, Petra De Sutter explique comprendre la déception face à son choix. « Déception », le mot est faible pour la base militante. Petra De Sutter laisse tout bonnement tomber son parti. Elle délaisse le nouveau président qu’elle a contribué à faire élire au poste dont elle ne voulait pas. Elle qui est/était la seule candidate capable de toucher un public plus large que sa base toujours plus ténue. À l’heure où le parti appelle, par nécessité, tout le monde sur le pont, le capitaine décide d’embarquer sur un autre navire. C’est peu dire que la nouvelle passe mal chez les militants écologistes.

Un écueil plus fondamental encore se pose. De toute évidence, Petra De Sutter a commencé à chercher « autre chose » une fois disparue la perspective d’un nouveau poste ministériel. Un siège dans l’hémicycle s’apparente donc, pour elle aussi, à un lot de consolation, une place moins convoitée, un mandat moins attrayant.

Et c’est problématique. En effet, la classe politique, même ses ténors les plus appréciés, doit comprendre que l’enjeu des élections est d’obtenir un siège à la Chambre. Pas une place au gouvernement. Tout le monde n’est pas fait pour être parlementaire, mais il faut alors s’abstenir de se présenter aux élections. Certes, un député de l’opposition à la Chambre a moins d’impact qu’un vice-premier ministre, la particratie aidant, mais ce rôle dans l’opposition est crucial pour notre organisation démocratique. Car il participe de la saine contradiction, qui est au cœur de la démocratie.

Et c’est précisément pour permettre à son parti d’organiser cette contradiction avec une certaine crédibilité que l’ancienne garde de l’Open Vld serait bien avisée de faire place au sang neuf.

A relire

[1]Le choix cornélien de la nouvelle présidence de Groen



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-choix-cornelien-de-la-nouvelle-presidence-de-groen/



Egotism, n:
Doing the New York Times crossword puzzle with a pen.

Egotist, n:
A person of low taste, more interested in himself than me.
-- Ambrose Bierce, "The Devil's Dictionary"