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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Mère de famille ch. emploi idéal

([Opinions, Société] 2024-12-01 (Gazet van Antwerpen))


Aux yeux des recruteurs, les hommes et les femmes, lorsqu’ils ont des enfants, ne sont pas logés à la même enseigne. Telle est la conclusion ­­­­­­­­– guère surprenante, mais décevante – d’une étude menée par l’Université de Gand.

Il y a une bonne trentaine d’années, alors que j’étais encore jeune femme, je me suis vu proposer un poste de direction à la rédaction. J’ai dû défendre ma candidature devant le conseil d’administration, à l’époque, plutôt catholique et conservateur. Je me tenais là, au bout d’une table ovale, autour de laquelle étaient assis plusieurs hommes grisonnants. Après quelques questions liées à mes compétences et ambitions, le président m’a demandé, sans détour : « Permettez-moi, Madame, de vous poser cette question, mais avez-vous l’intention d’enfanter dans les prochaines années ? » J’ai pris une grande inspiration et j’ai répondu calmement : « Ce n’est pas impossible, monsieur le président, mais c’est mon affaire. En tous cas, je vous promets de faire de mon mieux pour mener cette mission à bien. » Les têtes grises ont acquiescé. J’ai eu le poste.

Ce n’était pas vraiment prévu au programme, mais quelques mois plus tard, je tombais enceinte. Dix-huit mois plus tard, j’étais de retour au travail, à temps partiel. Du jamais-vu dans le monde du journalisme. Je me suis débrouillée pour tenir la promesse faite lors de mon engagement. Les soirs où je devais travailler, mon mari prenait le relais à la maison.

Quand je raconte cette histoire à de jeunes femmes, elles n’en croient pas leurs oreilles. Aucun employeur ne songerait aujourd’hui à poser une telle question. Et s’il le fait, il se fait taper sur les doigts. À juste titre, même si une étude montre que la question trotte tout de même dans la tête des employeurs, comme l’explique le responsable de l’enquête. À l’évidence, une mère ne coche pas tous les critères d’un employé idéal, qui se doit de travailler à plein temps et qui ne sollicite pas d’interruption de carrière. Ce n’est pas forcément le cas des jeunes mères, qui sollicitent, en outre, toute une série d’avantages leur permettant de travailler à temps partiel ou de prendre des congés de longue durée. Même si ce n’est pas toujours facile pour l’employeur, mais de plus en plus de jeunes mères veulent consacrer ce temps à leur famille. Et elles ont bien raison !

Le problème est que, ce faisant, elles sont désavantagées sur le marché de l’emploi, indépendamment de leurs qualités intrinsèques. Même les mères qui ne projettent pas de travailler moins sont victimes des préjugés, même si leur partenaire est prêt à réorganiser son emploi du temps pour privilégier la carrière de leur conjointe. Il semblerait que les employeurs y pensent trop peu : les pères peuvent eux aussi prendre un congé parental ! Selon le professeur Stijn Baert, il faudrait – en effet – que ces derniers y aient davantage recours. Les interruptions de carrière seraient ainsi réparties plus équitablement et les employeurs ne partiraient plus du principe que les mères ont des profils moins intéressants.

Déjà, comment diable en arrivaient-ils à pareille ineptie ?

[1]Les femmes paient le prix des doubles journées



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-femmes-paient-le-prix-des-doubles-journees/



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-- Hellman's Mayonnaise