Notre système de soins doit se refaire une santé… financière
([Société, Travail & Santé] 2024-12-01 (De Tijd))
- Reference: 2024-12_getty-images-1ErqKqfQhqs-unsplash-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/notre-systeme-de-soins-doit-se-refaire-une-sante-financiere/
- Source link: https://www.tijd.be/opinie/commentaar/de-prijs-van-gezondheid/10576903.html#:~:text=De%20Belgische%20gezondheidszorg%20geniet%20soms,van%20goede%20kwaliteit%20te%20zijn.
En Belgique, les soins de santé ont parfois la réputation d’être à la fois peu coûteux pour les patients, aisément accessibles et de bonne qualité. Une idée pourtant largement contredite par les données objectives : l’année dernière, les Belges ont ainsi non seulement dû y aller davantage de leur poche que dans d’autres pays, mais la hausse des coûts — corrigés de l’inflation — a également été plus rapide.
Selon les experts, cette situation s’explique en partie par le déconventionnement des médecins, qui leur permet de pratiquer des honoraires plus élevés que ceux fixés par les autorités ou de facturer des suppléments d’honoraires dans les hôpitaux.
Toutefois, réduire l’augmentation des prix à la progression des tarifs appliqués par les médecins, c’est ne pas voir qu’en Belgique, la structure de financement des soins de santé est particulièrement retorse.
Le plus souvent, les hôpitaux enregistrent des pertes sur les soins, qu’ils compensent par des bénéfices sur les médicaments. Par ailleurs, une part importante de leurs revenus provient des médecins, qui leur reversent une partie de leurs honoraires. Ces derniers sont élevés pour ce qui est de l’imagerie médicale ou de la gestion de laboratoires cliniques, mais nettement moins s’agissant des consultations.
Parallèlement, 40 % des hôpitaux belges ont clos l’exercice 2023 sur une perte alors même qu’ils ont accueilli plus de patients que jamais. Les remèdes rapides qui sont appliqués sont généralement inefficaces : prescrire plus de médicaments que nécessaire, recourir à l’imagerie davantage que ce qui est souhaitable sur le plan médical ou augmenter les rétrocessions d’honoraires des médecins.
À relire
[1]Les investissements privés dans les soins de santé flamands suscitent la polémique
Le cercle vicieux ne s’arrête pas là : les patients ressentent la hausse des honoraires, mais seulement en partie, car elle est absorbée par les assurances complémentaires. On se retrouve ainsi avec une médecine à deux vitesses.
Mieux vaut donc administrer le remède lent : corriger les distorsions qui sont à l’origine du problème. Cet exercice doit conduire les hôpitaux à fusionner pour réaliser des économies d’échelle et à repenser la rémunération des médecins — ainsi que le financement des hôpitaux et la manière dont les médecins sont associés à l’élaboration de la politique médicale.
Toutes ces réformes sont complexes et nécessitent le soutien des médecins, des coupoles des hôpitaux, des mutuelles, des syndicats et de l’État lui-même. Sans cette adhésion, le risque est grand d’accoucher d’une réforme chimérique qui, dans les faits, ne changera rien ou presque.
Cette complexité se paie par une lenteur qui a de quoi rendre nerveux. Les préparatifs de la réforme sont en cours depuis des années et les premiers ajustements, prudents, ont déjà eu lieu. Mais le grand tournant vers un système plus logique se fait encore attendre.
Si des pressions sont exercées sur la formation fédérale pour qu’elle aboutisse, ce n’est pas seulement parce que les finances publiques doivent être assainies, le marché du travail devenir plus souple et notre défense plus résistante. C’est aussi parce que notre système de soins doit se refaire une santé financière.
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-investissements-prives-dans-les-soins-de-sante-flamands-suscitent-la-polemique/
Selon les experts, cette situation s’explique en partie par le déconventionnement des médecins, qui leur permet de pratiquer des honoraires plus élevés que ceux fixés par les autorités ou de facturer des suppléments d’honoraires dans les hôpitaux.
Toutefois, réduire l’augmentation des prix à la progression des tarifs appliqués par les médecins, c’est ne pas voir qu’en Belgique, la structure de financement des soins de santé est particulièrement retorse.
Le plus souvent, les hôpitaux enregistrent des pertes sur les soins, qu’ils compensent par des bénéfices sur les médicaments. Par ailleurs, une part importante de leurs revenus provient des médecins, qui leur reversent une partie de leurs honoraires. Ces derniers sont élevés pour ce qui est de l’imagerie médicale ou de la gestion de laboratoires cliniques, mais nettement moins s’agissant des consultations.
Parallèlement, 40 % des hôpitaux belges ont clos l’exercice 2023 sur une perte alors même qu’ils ont accueilli plus de patients que jamais. Les remèdes rapides qui sont appliqués sont généralement inefficaces : prescrire plus de médicaments que nécessaire, recourir à l’imagerie davantage que ce qui est souhaitable sur le plan médical ou augmenter les rétrocessions d’honoraires des médecins.
À relire
[1]Les investissements privés dans les soins de santé flamands suscitent la polémique
Le cercle vicieux ne s’arrête pas là : les patients ressentent la hausse des honoraires, mais seulement en partie, car elle est absorbée par les assurances complémentaires. On se retrouve ainsi avec une médecine à deux vitesses.
Mieux vaut donc administrer le remède lent : corriger les distorsions qui sont à l’origine du problème. Cet exercice doit conduire les hôpitaux à fusionner pour réaliser des économies d’échelle et à repenser la rémunération des médecins — ainsi que le financement des hôpitaux et la manière dont les médecins sont associés à l’élaboration de la politique médicale.
Toutes ces réformes sont complexes et nécessitent le soutien des médecins, des coupoles des hôpitaux, des mutuelles, des syndicats et de l’État lui-même. Sans cette adhésion, le risque est grand d’accoucher d’une réforme chimérique qui, dans les faits, ne changera rien ou presque.
Cette complexité se paie par une lenteur qui a de quoi rendre nerveux. Les préparatifs de la réforme sont en cours depuis des années et les premiers ajustements, prudents, ont déjà eu lieu. Mais le grand tournant vers un système plus logique se fait encore attendre.
Si des pressions sont exercées sur la formation fédérale pour qu’elle aboutisse, ce n’est pas seulement parce que les finances publiques doivent être assainies, le marché du travail devenir plus souple et notre défense plus résistante. C’est aussi parce que notre système de soins doit se refaire une santé financière.
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-investissements-prives-dans-les-soins-de-sante-flamands-suscitent-la-polemique/