Non ! Pour un musulman, fêter la Noël n’est pas un acte de trahison
([Opinions, Société] 2024-12-01 (De Morgen))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/non-pour-un-musulman-feter-la-noel-nest-pas-un-acte-de-trahison/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/neen-meedoen-met-sint-en-kerst-is-voor-een-moslim-geen-verraad~ba09b7e4/
« Monsieur ! Monsieur ! À la maison, on a mis un sapin de Noël. Mais Youssef dit que c’est haram . Est-ce que c’est vrai ? » demande Ayşe, une élève de confession musulmane.
La magie des fêtes de fin d’année, synonymes de guirlandes lumineuses, de cadeaux et de retrouvailles chaleureuses, est de retour. Et comme chaque année au moment de célébrer la Saint-Nicolas et Noël, les musulmans sont pris entre le marteau et l’enclume. Peuvent-ils faire la fête sans pour autant porter atteinte à leur foi ? Qu’en est-il si, à l’inverse, un chrétien décide d’observer le ramadan ?
Belge d’origine turque, musulman et idéaliste désireux de jeter des ponts entre les cultures, je souhaite exprimer mon point de vue en envoyant un message essentiel : non, s’ouvrir aux traditions de l’autre ne constitue en rien une trahison envers ses propres convictions.
[1]Le sapin de Noël s’invite chez les musulmans
La Saint-Nicolas et Noël trouvent leurs racines dans le christianisme. Saint Nicolas, évêque d’Anatolie connu pour sa générosité, a donné lieu une tradition désormais ancrée dans la culture populaire, dénuée de toute connotation religieuse. Quant à la fête de Noël, elle commémore la naissance de Jésus, également prophète en islam, et s’est transformée en un phénomène universel célébrant la convivialité.
En tant que musulman, je reconnais ces fêtes comme partie intégrante d’un patrimoine culturel commun. Mais à certains égards, le doute persiste. Puis-je permettre à mes élèves de profiter des festivités de la Saint-Nicolas sans renier mes propres croyances ? Ou de fêter Noël sans considérer cette fête comme un acte religieux ? La réponse, pour moi, réside dans l’intention. Or ici, il est avant tout question de respect d’autrui et de lien social, et non pas de dévotion spirituelle.
[2]Oui, les musulmans ont le droit d’avoir leurs propres écoles
Celles et ceux qui y voient un « acte de trahison » font fausse route. Partager la joie de la Saint-Nicolas avec mes enfants ou assister à un dîner de Noël avec des amis ne diminue en rien ma foi. Au contraire, ces moments renforcent mes convictions et mes valeurs. C’est précisément cette confiance intérieure qui me permet de m’ouvrir aux autres.
Certains musulmans évitent ces célébrations, craignant de diluer leur identité religieuse. D’autres, comme moi, y voient une opportunité de s’intégrer dans la société qui les entoure.
Dans ma classe, nous avons opté pour un équilibre. Pour la Saint-Nicolas, nous mettons l’accent sur le plaisir des élèves, tout en explorant la figure historique. Les cadeaux et les chansons restent des traditions culturelles que l’on peut dissocier de la religion. Noël, de même, est l’occasion de partager un repas chaleureux, de cultiver la convivialité – des valeurs somme toute universelles.
[3]Elections communales en Flandre: l’importante voix des musulmans
L’essentiel est d’expliquer à mes élèves la signification de ces fêtes, en explorant à la fois leurs contextes religieux et culturels. Ils apprennent ainsi à valoriser leur propre identité tout en respectant celles des autres. Le but n’est pas de renoncer à ses croyances, sinon de créer des liens avec le monde qui nous entoure.
Qu’en est-il de la réciprocité ? Beaucoup de musulmans invitent leurs amis non musulmans à partager un iftar pendant le Ramadan. Un ami chrétien a même jeûné un jour avec moi, non pas par ferveur religieuse, mais par solidarité. Il s’agissait, pour lui, d’un « défi spirituel », d’une manière de mieux comprendre ma réalité. L’expérience n’en a pas fait un moins bon chrétien pour autant, et lui a permis d’élargir son horizon. De même que je ne considère pas la Saint-Nicolas et Noël comme des menaces pour mon identité.
Il est toujours frappant de constater que toutes ces fêtes s’articulent autour de valeurs communes : la générosité, la solidarité et l’attention envers les proches. Que ce soit à travers la Saint-Nicolas, Noël ou le Ramadan, ces moments nous rappellent ce qui compte vraiment : donner sans attendre en retour, prendre soin des autres et faire preuve de reconnaissance.
D’aucuns craignent que la participation aux traditions d’autrui entraîne une assimilation, voire une acculturation. Je crois au contraire qu’elle représente une richesse. Le maître mot demeure la confiance : en sa foi, et en ses intentions. Partager une fête avec des amis ou des voisins n’est pas une trahison. C’est un acte de respect, de lien social, d’humanité.
La curiosité mutuelle doit rester de mise. Participer à la Saint-Nicolas, à Noël ou au Ramadan n’est pas un acte d’apostasie, mais de fraternité. Alors, pour répondre à la jeune Ayşe et à toutes celles et ceux qui se posent la question, je dirais : non, un sapin de Noël n’est pas haram !
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/le-sapin-de-noel-sinvite-chez-les-musulmans/
[2] https://daardaar.be/rubriques/oui-musulmans-ont-droit-davoir-leurs-propres-ecoles/
[3] https://daardaar.be/rubriques/societe/elections-communales-en-flandre-limportante-voix-des-musulmans/
La magie des fêtes de fin d’année, synonymes de guirlandes lumineuses, de cadeaux et de retrouvailles chaleureuses, est de retour. Et comme chaque année au moment de célébrer la Saint-Nicolas et Noël, les musulmans sont pris entre le marteau et l’enclume. Peuvent-ils faire la fête sans pour autant porter atteinte à leur foi ? Qu’en est-il si, à l’inverse, un chrétien décide d’observer le ramadan ?
Belge d’origine turque, musulman et idéaliste désireux de jeter des ponts entre les cultures, je souhaite exprimer mon point de vue en envoyant un message essentiel : non, s’ouvrir aux traditions de l’autre ne constitue en rien une trahison envers ses propres convictions.
[1]Le sapin de Noël s’invite chez les musulmans
Un héritage commun
La Saint-Nicolas et Noël trouvent leurs racines dans le christianisme. Saint Nicolas, évêque d’Anatolie connu pour sa générosité, a donné lieu une tradition désormais ancrée dans la culture populaire, dénuée de toute connotation religieuse. Quant à la fête de Noël, elle commémore la naissance de Jésus, également prophète en islam, et s’est transformée en un phénomène universel célébrant la convivialité.
En tant que musulman, je reconnais ces fêtes comme partie intégrante d’un patrimoine culturel commun. Mais à certains égards, le doute persiste. Puis-je permettre à mes élèves de profiter des festivités de la Saint-Nicolas sans renier mes propres croyances ? Ou de fêter Noël sans considérer cette fête comme un acte religieux ? La réponse, pour moi, réside dans l’intention. Or ici, il est avant tout question de respect d’autrui et de lien social, et non pas de dévotion spirituelle.
[2]Oui, les musulmans ont le droit d’avoir leurs propres écoles
Fausse route
Celles et ceux qui y voient un « acte de trahison » font fausse route. Partager la joie de la Saint-Nicolas avec mes enfants ou assister à un dîner de Noël avec des amis ne diminue en rien ma foi. Au contraire, ces moments renforcent mes convictions et mes valeurs. C’est précisément cette confiance intérieure qui me permet de m’ouvrir aux autres.
Certains musulmans évitent ces célébrations, craignant de diluer leur identité religieuse. D’autres, comme moi, y voient une opportunité de s’intégrer dans la société qui les entoure.
Dans ma classe, nous avons opté pour un équilibre. Pour la Saint-Nicolas, nous mettons l’accent sur le plaisir des élèves, tout en explorant la figure historique. Les cadeaux et les chansons restent des traditions culturelles que l’on peut dissocier de la religion. Noël, de même, est l’occasion de partager un repas chaleureux, de cultiver la convivialité – des valeurs somme toute universelles.
[3]Elections communales en Flandre: l’importante voix des musulmans
L’essentiel est d’expliquer à mes élèves la signification de ces fêtes, en explorant à la fois leurs contextes religieux et culturels. Ils apprennent ainsi à valoriser leur propre identité tout en respectant celles des autres. Le but n’est pas de renoncer à ses croyances, sinon de créer des liens avec le monde qui nous entoure.
Qu’en est-il de la réciprocité ? Beaucoup de musulmans invitent leurs amis non musulmans à partager un iftar pendant le Ramadan. Un ami chrétien a même jeûné un jour avec moi, non pas par ferveur religieuse, mais par solidarité. Il s’agissait, pour lui, d’un « défi spirituel », d’une manière de mieux comprendre ma réalité. L’expérience n’en a pas fait un moins bon chrétien pour autant, et lui a permis d’élargir son horizon. De même que je ne considère pas la Saint-Nicolas et Noël comme des menaces pour mon identité.
Des valeurs universelles
Il est toujours frappant de constater que toutes ces fêtes s’articulent autour de valeurs communes : la générosité, la solidarité et l’attention envers les proches. Que ce soit à travers la Saint-Nicolas, Noël ou le Ramadan, ces moments nous rappellent ce qui compte vraiment : donner sans attendre en retour, prendre soin des autres et faire preuve de reconnaissance.
D’aucuns craignent que la participation aux traditions d’autrui entraîne une assimilation, voire une acculturation. Je crois au contraire qu’elle représente une richesse. Le maître mot demeure la confiance : en sa foi, et en ses intentions. Partager une fête avec des amis ou des voisins n’est pas une trahison. C’est un acte de respect, de lien social, d’humanité.
La curiosité mutuelle doit rester de mise. Participer à la Saint-Nicolas, à Noël ou au Ramadan n’est pas un acte d’apostasie, mais de fraternité. Alors, pour répondre à la jeune Ayşe et à toutes celles et ceux qui se posent la question, je dirais : non, un sapin de Noël n’est pas haram !
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/le-sapin-de-noel-sinvite-chez-les-musulmans/
[2] https://daardaar.be/rubriques/oui-musulmans-ont-droit-davoir-leurs-propres-ecoles/
[3] https://daardaar.be/rubriques/societe/elections-communales-en-flandre-limportante-voix-des-musulmans/