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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

La Belgique sera latine ou ne sera pas : formule encore d’actualité ?

([Opinions, Politique] 2024-12-01 (De Tijd))


Pour sûr, le néerlandais des hommes politiques francophones a déjà été pire. Peu se rappelleront Edmond Leburton, Premier ministre en 1973. Le socialiste wallon ne pipait pas un mot de néerlandais. Lorsqu’il avait terminé sa tournée quotidienne des tables étoilées du pays, et qu’il daignait enfin prononcer quelques mots dans la langue de la majorité de la population, le « flamand de service » de son cabinet lui concoctait une version entièrement transcrite phonétiquement afin que le chef du gouvernement puisse espérer, en y mettant un peu du sien, se faire comprendre par le public du nord du pays.

Plusieurs Premiers ministres flamands lui ont succédé par la suite. Il faudra attendre 2011 pour qu’un francophone reprenne le poste. Guy Spitaels, président tout-puissant du PS – ou Dieu pour les intimes – n’a jamais pu réaliser son rêve d’accéder à la fonction suprême, car il ne parlait pas néerlandais. Le Montois Elio Di Rupo, lui, a tout de même fait l’effort d’apprendre, ce qui était une première pour un wallon à l’époque.

C’était un sacré progrès. Dans les années 1990, un certain Jean-Maurice Dehousse, ministre de la Politique scientifique du gouvernement Dehaene, s’était fait remarquer pour sa vision singulière de l’usage des langues nationales. Aussi invraisemblable que cela puisse sembler pour de nombreux Flamands, ce socialiste estimait, en tant que fervent régionaliste wallon et allié de José Happart (PS), qu’il n’avait pas à parler néerlandais dans le cadre de sa fonction de ministre fédéral. En 1992, il a réussi la prouesse de s’exprimer en anglais à la télévision flamande dans une déclaration gouvernementale. Jean-Luc Deheane, (CVP) avait tout juste réussi à le convaincre de ne pas tenir son discours en français, ce que Dehousse envisageait de faire au départ.

[1]Le mépris du néerlandais chez les politiques francophones: une menace pour la Belgique

Jean-Maurice Dehousse a réitéré sa provocation communautaire deux ans plus tard, lors d’une conférence sur la mer du nord à Ostende. Il a montré toute l’étendue de son bilinguisme … français-anglais. C’est également en anglais qu’il s’est adressé au souverain, ce qui a provoqué un tollé politique. Par conséquent, Dehaene a demandé à ses ministres de faire preuve de “courtoisie linguistique”, sans, hélas, l’imposer. Ils devaient au moins faire un effort pour prononcer leurs discours dans la langue en usage dans la région.

Dans la coalition Vivaldi, la secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Sarah Schlitz (écolo), ne parlait pas un mot de néerlandais et n’y voyait aucun problème particulier. Les Flamands qui l’ont critiquée à ce sujet étaient, selon elle, des nationalistes d’extrême droite.

Dans ce même gouvernement, Hadja Lahbib (MR), a été nommée ministre des Affaires étrangères malgré sa méconnaissance du néerlandais. En continuant de projeter à l’étranger l’image d’une Belgique uniquement francophone, elle prouve que certaines personnalités politiques ont encore du mal à se détacher de la « Belgique de papa ».

Maintenant que Lahbib est Commissaire européenne, c’est encore plus vrai. Lorsqu’elle intervient au Parlement, elle devrait mettre un point d’honneur à s’exprimer en alternance dans les deux langues nationales principales. Récemment, elle a fait la lecture d’un texte en néerlandais avec tant d’hésitations que je la suspecte d’avoir eu recours à la méthode Leburton.

[2]Hadja Lahbib, commissaire européenne : un choix plus que discutable

Georges-Louis Bouchez, lui, ne cache pas son ambition de succéder à Lahbib. Comme elle, le président du MR ne parle toujours pas néerlandais, même s’il prétend faire des efforts. Malgré son amour profond pour notre pays et le drapeau belge à sa boutonnière, on peine à voir une quelconque amélioration de ses compétences linguistiques.

Serait-il impensable que le formateur Bart De Wever (N-VA), s’il parvient un jour à former un gouvernement, exige la maîtrise des deux langues nationales pour ses ministres ? Par le passé, les Flamands ont toujours plié devant la rigidité des francophones à ce sujet. Est-ce être radical que d’attendre des ministres qu’ils parlent la langue de la majorité de ce pays ? Le wallingant Raymond Colleye disait au XIX e siècle : « La Belgique sera latine ou ne sera pas ». La formule serait-elle encore d’actualité ?

Texte traduit par les étudiants de Master 2 de la Faculté de traduction et d’interprétation de l’Université de Mons, sous la supervision de Guillaume Deneufbourg



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-mepris-du-neerlandais-chez-les-politiques-francophones-une-menace-pour-la-belgique/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/hadja-lahbib-commissaire-europeenne-un-choix-plus-que-discutable/



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