« Je peux comprendre que cela en étonne certains en Flandre, mais voilà, je suis socialiste et je suis fier de l’être. Je suis fier d’aider mon prochain. » Tels étaient les propos saisissants de Mustapha Akouz (PS), l’ancien président du CPAS d’Anderlecht, en réaction au documentaire Pano de la VRT, qui l’accuse de pratiques clientélistes et frauduleuses en matière de revenus d’intégration. En effet, il est tout aussi simple d’obtenir un revenu d’intégration à Anderlecht que d’écoper d’un PV en Flandre.

Même si vous indiquez une adresse à Anderlecht choisie au hasard sur Google Maps alors que vous vivez en réalité en Flandre chez vos parents et que vous refusez une visite à domicile ? Même dans ce cas-là, le revenu d’intégration sera versé. Si vous dites qu’il n’est plus nécessaire ? Vous continuerez à percevoir l’argent. C’est ce qu’a révélé le documentaire réalisé en caméra cachée. Votre demande a été rejetée ou la réponse tarde à arriver ? Appelez le président du CPAS, même si une telle pratique n’est pas légale non plus. C’est la solution la plus rapide. Les enquêtes et les contrôles sont rares, regrettent les assistants sociaux, dont la lourde charge de travail ne leur permet pas de s’occuper de ces aspects. Non, ce ne sont pas les Flamands qui devraient s’en étonner. Cette petite phrase montre à quel point certains membres bruxellois du PS pensent à travers le prisme communautaire. Comme les Flamands sont fermes et de droite, ils s’étonnent de ce genre de pratiques. Pardon ? Comme si les Flamands ne pouvaient pas faire preuve de solidarité.

Non, les socialistes devraient s’en étonner eux aussi. Plus encore : ils devraient s’en indigner eux aussi. En effet, cette politique a pour corollaire que des familles et des enfants qui ont un besoin criant d’aide se retrouvent sur une liste d’attente interminable parce que les agents du CPAS croulent sous les demandes. Si on a la réputation d’être un CPAS laxiste (dixit un passant dans le reportage de la VRT), on attire bien entendu les demandes à soi. C’est un cercle vicieux. Tout le monde devrait s’étonner que ce pan de notre aide sociale soit encore aussi sensible à l’opportunisme politique. Les pensions, les allocations de chômage : plus aucun politicien n’a son mot à dire à ce sujet. Les revenus d’intégration ? Ça oui. Les socialistes devraient justement s’indigner du fait qu’on crée ainsi une solidarité inéquitable. Ce qui est possible à Anderlecht ne l’est pas à Schaerbeek.

« Non, ce ne sont pas les Flamands qui devraient s’en étonner. Cette petite phrase montre à quel point certains membres bruxellois du PS pensent à travers le prisme communautaire. Comme les Flamands sont fermes et de droite, ils s’étonnent de ce genre de pratiques. Pardon ? Comme si les Flamands ne pouvaient pas faire preuve de solidarité. »

Ce sont justement les socialistes qui devraient s’en indigner parce que cela donne l’impression que distribuer de l’argent librement pour faire du prosélytisme est du socialisme. Parce que cette affaire donne à penser qu’il s’agit d’un service rendu dignement à des personnes dans le besoin. Cela doit étonner parce que nous, avec un budget rouge vif, ne pouvons pas nous permettre ce genre d’excès et que le nouveau gouvernement devra prendre des décisions douloureuses, lourdes de conséquences pour les citoyens. Parce que le nouveau gouvernement restreindra bientôt la durée des allocations de chômage et que par conséquent, une partie des demandeurs d’emploi seront redirigés vers le CPAS. Cela montre à quel point il est urgent de saisir ce problème à bras-le-corps. Tout le monde doit s’en étonner et s’en indigner. Parce que ce système ne peut pas garantir une bonne gestion, et ce, justement à un moment où la solidarité envers ceux qui ont besoin d’aide s’étiole.

[1]CPAS d’Anvers : G4S mis à la porte de l’accueil des sans-abri



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/g4s-et-le-cpas-danvers/