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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

« Un conseil non sollicité vous reviendra en pleine figure »: les astuces d’une pédopsychologue

([Société] 2024-10-01 (Gazet van Antwerpen))


Comment une pédopsychologue éduque-t-elle ses propres ses enfants ? Forte de plus de 30 ans d’expérience en tant que professionnelle et presque autant comme maman, Klaar Hammenecker nous fait part de ses conseils. « Un enfant n’est pas à même de ranger seul. »

« Il faut désamorcer les conflits par le biais de la parole »



« Il m’arrive régulièrement de demander à mes patients de quelle manière ils ont résolu une dispute familiale. Ébahis par ma question, ils s’exclament : « Eh bien, dès le lendemain, nous nous sommes comportés normalement les uns envers les autres. » Non, le malaise ne peut pas s’être dissipé, car on ne connaît pas le ressenti de chacun au moment critique. De plus, un enfant qui voit un conflit balayé de la sorte ne peut pas tirer les leçons adéquates. Or, c’est en prenant ses propres responsabilités qu’on apprend. Pour un parent, cela consiste à dire : “Je me suis emporté alors que j’aurais dû tenir compte de toi. » Un enfant peut reconnaître qu’il n’aurait pas dû frapper son frère. C’est comme ça qu’il apprendra. Moi-même, lorsque j’étais enfant, il arrivait très rarement que mes parents et moi crevions les abcès. J’étais plantée là, à tenter de décrypter leurs expressions faciales et de rentrer dans leurs bonnes grâces. »

« Nous n’avons jamais obligé nos enfants (Marie, Lena et Nora, âgées respectivement de 25, 24 et 19 ans) à s’excuser après avoir blessé quelqu’un. Si on désamorce efficacement un conflit par la parole, le “pardon” est implicite. À l’occasion de ce genre de discussion, chacun évoque ce qu’il a sur le cœur et les efforts que cela lui coûte. “Je voulais seulement faire plaisir à papa” ou encore : “Je voulais protéger mon jouet”. Lorsque de telles phrases sont prononcées, le “pardon” n’est plus très loin. »

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« Un enfant doit accomplir lui-même ce qu’il est capable de faire »



« Lorsque notre première fille est née, il nous a vite semblé évident que nous devions favoriser son indépendance. Un enfant doit accomplir lui-même ce qu’il est capable de faire. Bien entendu, ce mode de fonctionnement a ses limites : l’enfant ne doit pas être autonome à n’importe quel moment. Le laisser descendre l’escalier seul est une excellente idée, mais ce n’est peut-être pas la plus pratique si vous êtes en plein rush matinal. Dans ce cas, expliquez-lui que ce n’est pas possible à ce moment-là, mais que ça le sera peut-être le lendemain.

« Ce n’est que plus tard que nous avons senti qu’un enfant n’est pas nécessairement prêt à être autonome. Par exemple, comme le papa et moi devions souvent travailler le soir, notre aînée a pris très tôt le bus seule pour se rendre à ses activités extrascolaires. Mais nous avons remarqué que le fait qu’elle en soit déjà capable sur le plan pratique ne voulait pas forcément dire qu’elle était prête psychologiquement. Alors, nous avons quelque peu rectifié le tir pour nos deux autres enfants. »

« Rangement collectif »



« Mes patients se plaignent souvent que leurs enfants ne rangent pas. Cela engendre de la frustration. Faites-vous une raison : ils ne rangeront pas. Presque aucun enfant ne range seul de sa propre initiative. « Mais à l’école, ils le font », me rétorque-t-on. Non ! Là-bas, ils rangent aux côtés de 25 autres enfants, et il y en a encore cinq qui se dérobent en douce ou qui font tout autre chose mine de rien. »

« C’est pourquoi nous avons instauré les quarts d’heure de rangement. Comme nous sommes cinq à la maison, si nous rangeons ensemble pendant un quart d’heure, c’est comme si nous avions rangé pendant une heure et quart. C’est énorme. Plus tard, cela a également consisté à mettre le linge dans la machine et à dresser la table ensemble. En accomplissant ces tâches en groupe, on les apprend à ses enfants. »

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« Nous n’avons jamais puni notre cadette »



« Lorsque nous sommes devenus parents, il nous est aussi arrivé de nous demander s’il fallait réagir lorsqu’un enfant faisait quelque chose de mal et, si oui, de quelle manière. Les punitions ne semblaient pas être une solution. En fait, punir est un jeu de pouvoir. Or, celui-ci induit deux réactions possibles : la peur ou la vengeance. Notre aînée avait peur, alors que la puînée voulait se venger. C’est pourquoi nous n’avons jamais puni notre cadette : ça ne fonctionne pas. »

« Nous préférions inciter notre enfant à prendre du recul et lui expliquer les raisons pour lesquelles telle ou telle chose était inacceptable. Tout dépend des conséquences que nous visons : en corrigeant, on montre qu’on se soucie de la relation. En donnant une punition, on coupe le lien momentanément. Il est juste de freiner un enfant à vélo qui ne s’arrête pas à un feu rouge. On peut alors se fâcher, punir, hausser la voix, etc. Cela s’accompagne d’un certain vocabulaire ou d’un regard noir. On peut aussi tenter de d’expliquer à l’enfant pourquoi telle chose n’est pas acceptable et par quel angle il peut l’aborder. »

« Les repas ne peuvent pas être des moments de dispute »



« On ne se dispute pas à propos de la nourriture lorsqu’on est à table. Les repas sont les seuls moments où on est réunis en famille. Il ne faut pas gâcher cela en se disputant sur la nécessité de finir son assiette ou non. Pour ce faire, nous appliquons une méthode très efficace : nous déterminons toujours ce qui sera servi à table et quand. Et les enfants choisissent quelles quantités ils mangeront. Pour les enfants en bas âge, on prévoit un petit bol dans lequel ils peuvent déposer ce qu’ils ne veulent pas manger. Mais dans la plupart des cas, ils y mettent un peu de nourriture, mangent tout ce qu’il y a sur leur assiette et vident ensuite le bol. »

« Ayez confiance dans le fait que votre enfant sait comment il doit se nourrir. Ils prennent ce dont ils ont besoin. Toutes les personnes qui aujourd’hui réapprennent à « manger de manière intuitive » devaient finir leur assiette lorsqu’elles étaient enfants et ont perdu la notion de satiété. »

« Il est insensé d’intervenir dans le travail scolaire de ses enfants »



« Nos trois enfants étudient de manières complètement différentes. Mon aînée est très responsable et extrêmement appliquée. La deuxième faisait le strict minimum, mais elle s’en est toujours sortie. Elles sont allées à l’unif ensemble, et mon aînée s’offusquait de la manière dont sa sœur étudiait. “Maman, tu ne lui ferais pas une remarque ?”, me disait-elle. Non, je ne peux rien redire à ça parce que moi-même, je m’y prenais encore tout autrement. »

« La seule chose que je pouvais faire était être présente et manifester de l’intérêt. Signifiez à vos enfants que vous êtes là et qu’ils peuvent compter sur vous. Si un parent donne un conseil sans avoir été sollicité, cela lui reviendra à coup sûr en pleine figure, car beaucoup d’enfants sont hermétiques aux conseils. Je vois aussi de nombreux parents qui prennent congé pendant la période d’examens pour se rendre disponibles pour leurs enfants. À quoi bon ? Les parents font ça pour eux-mêmes, pour se libérer de leurs propres craintes et parce qu’ils se projettent. Mais il faut quand même essayer de lâcher prise sur ce point. »

[3]L’Université de Gand va-t-elle trop loin en interdisant à un de ses profs d’utiliser son livre comme manuel?



[1] https://daardaar.be/apprenez-le-neerlandais/awel-awel-le-nouveau-site-pour-apprendre-le-neerlandais-en-ligne/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/education-sexuelle-les-francophones-avancent-la-flandre-recule/

[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/luniversite-de-gand-va-t-elle-trop-loin-en-interdisant-a-un-de-ses-profs-dutiliser-son-livre-comme-manuel/



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-- G. S. Koblas