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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Elections communales en Flandre: l’importante voix des musulmans

([Opinions, Politique, Société] 2024-10-01 (Het Laatste Nieuws))


Jamais la voix des musulmans n’a été aussi convoitée. Après une bataille ouvertement menée sur le terrain religieux à Bruxelles, celle-ci se propage en Flandre. Et quoi qu’en dise le PVDA/PTB, Jos D’Haese prend (prêche) la parole à la mosquée. Suivi par le magazine « Humo » pendant sa campagne, l’homme politique y évoque le conflit à Gaza et la religion. Certains candidats de la Team Fouad Ahidar à Anvers n’en font pas mystère. L’un d’entre eux fait campagne sur des thèmes religieux avec pour slogan : donner une voix aux musulmans. Et sur les réseaux sociaux, des musulmans appellent à voter pour des musulmans.

Faut-il s’en inquiéter ? Les partis politiques ciblent toujours certains groupes, comme les agriculteurs, ou plus largement les entrepreneurs. La tendance révèle en fait que les musulmans s’impliquent davantage dans notre processus démocratique. Mais à cette différence près que l’agriculture est un mode de vie, et pas une religion qui tente d’imposer certaines règles à la société. Que penser donc de ce retour du religieux en politique ? La Flandre a pris ses distances par rapport à la religion. Le CD&V a certes conservé le « C » de chrétien dans son nom mais son président, Sammy Mahdi, n’a pas souhaité être présent lors de la visite du pape. Cela en dit long sur le rapport de la Flandre à la religion en 2024 ou, en tout cas, sur le seul parti qui s’en réclame encore.

À relire

[1]Comment le Vlaams Belang s’y prend pour séduire les musulmans

Dans un passé pas si lointain, c’est le catholicisme qui régissait la société flamande. Puis il y a eu la guerre scolaire, qui fut pour les catholiques une lutte pour « sauver l’âme » de leur enfant, et le combat pour le droit à l’avortement et à l’euthanasie. De nos jours, la Flandre est plus libre et plus tolérante qu’à l’époque où l’Église dictait ses préceptes, voici plusieurs décennies. L’idée de devoir à nouveau mener ce combat contre une autre religion crée un certain malaise. La séparation de l’Église et de l’État est acquise, mais c’est l’imam qui frappe à la porte cette fois, faisant craindre à d’aucuns un retour en arrière. Faut-il redouter un recul de l’égalité des sexes, de la liberté de disposer de son corps, des droits de la communauté LGBTQ+, des droits des animaux ?

Ce que certains oublient, c’est que les musulmans ne constituent pas un électorat uniforme. L’indépendant vote certainement pour un autre parti que l’ouvrier. De même, la musulmane qui a renoncé au foulard donne probablement sa voix à une autre formation que la femme voilée. Des études le montrent, mais on le constate aussi aisément sur les listes électorales. Les électeurs musulmans préfèrent voter pour des personnes par qui ils se sentent représentés mais, comme les non-croyants, c’est sur des questions précises que se joue leur vote pour tel ou tel parti. En Flandre, des musulmans vont même jusqu’à accorder leur voix à un parti radicalement anti-islam : le Vlaams Belang. Car ils partagent ses valeurs conservatrices ou sont confrontés à des problèmes liés à l’immigration. Ce qui peut sembler incompréhensible pour certains est en tout cas révélateur d’une chose : la religion n’est pas toujours décisive dans les urnes.



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/vlaams-belang-musulmans/



The best defense against logic is ignorance.