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Immigration: les contrôles aux frontières mettent à mal la prospérité de l’UE

([Opinions, Société] 2024-09-01 (De Tijd))


Lundi, à la frontière germano-belge, on a réinstauré la vérification des cartes d’identité. L’objectif ? Empêcher le passage de personnes dépourvues de titre de séjour valable. De quoi nous rappeler ce passé lointain où les frontières européennes étaient émaillées de postes de douane et de barrières, plutôt que par un simple panneau que l’on franchit à grande vitesse sur l’autoroute.

Ces contrôles sont une réaction à plusieurs attentats perpétrés en Allemagne. Ainsi, le mois dernier, un Syrien dont la demande d’asile avait été rejetée poignardait à mort trois personnes à Solingen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Politiquement, le sujet est extrêmement délicat. Il y a deux semaines, l’extrême droite et l’extrême gauche, martelant un discours ouvertement anti-immigration, ont remporté des scrutins régionaux. Et de nouvelles élections ont lieu cette semaine dans le Land de Brandebourg, où le parti socialiste du chancelier Olaf Scholz devra défendre sa première place.

Attention, cependant : croire que les contrôles aux frontières ne s’expliqueraient que par une stratégie politique ponctuelle serait une erreur. Ils participent au contraire d’une évolution plus large, en Europe, entamée il y a près d’une décennie et marquant une rupture avec l’Europe « d’avant ».

C’est en 1985 que les pays européens, et notamment la Belgique, ont constitué l’espace Schengen, où chacun peut circuler librement sans être arrêté à une frontière intérieure. Aujourd’hui, cet espace recouvre 29 pays, et assure la liberté de circulation à 420 millions de personnes.

En cas de menace majeure, les pays de l’espace Schengen peuvent encore introduire temporairement des contrôles aux frontières. Jusqu’ici, cette mesure n’était appliquée qu’en cas de risque de sécurité élevé, comme lors d’un sommet du G7, mais depuis 2015, elle l’est systématiquement. Les raisons invoquées : migration, terrorisme ou restrictions anticovid. Et il ne s’agit pas que de l’Allemagne, mais aussi, plus récemment, de l’Autriche, de l’Italie et de la Pologne. Aux Pays-Bas, on étudie aussi des projets allant dans le même sens.

C’est ainsi que périclite une idée généreuse. S’il est une idée majeure, inspirée des Lumières, que l’Union européenne incarne depuis ses débuts, c’est bien celle de la paix par le commerce. Le raisonnement est simple : des pays qui commercent ensemble deviennent interdépendants et rechigneront donc à utiliser la force les uns contre les autres. C’est ce que le philosophe Adam Smith appelait le triomphe de la raison sur la force.

Et cette pensée sera d’autant plus fortement enracinée que le passage de la frontière se fera en souplesse. Selon l’UE, quelque 3,5 millions de personnes franchissent quotidiennement l’une de ses frontières intérieures, facilitant les échanges et contribuant à la prospérité de l’Europe.

Mais voilà : les citoyens attendent également à ce que leur gouvernement les protège. Or bien souvent, cette protection ne peut être organisée qu’au niveau de chaque État membre, qu’il s’agisse de protection sociale ou de protection physique. Les contrôles aux frontières allemandes en sont l’exemple le plus récent.

Il ne faut cesser de le marteler : de telles politiques nuisent à notre prospérité. C’est bien pour cela que dans le plan de l’ancien président de la banque centrale, Mario Draghi, le renforcement de l’UE passe par la disparition de tous les obstacles aux frontières. C’est la bonne direction à prendre. Mais pour que cela marche, l’UE devra manifester de manière beaucoup plus claire qu’elle ne perd pas le contrôle sur l’immigration : ni aux frontières extérieures ni dans la répartition de l’asile.



<bfextu> oh noooo, Knghtbrd's got a gun :)
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