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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Plus les nationalistes flamands obtiennent de voix, plus l’indépendance semble hors de portée

([Opinions] 2024-06-01 (De Tijd))


Il y a les surprises électorales, bien sûr, et puis il y a aussi – encore – des certitudes. La première, c’est que d’élection en élection, les partis nationalistes flamands obtiennent de plus en plus de voix. Depuis la Seconde Guerre mondiale, leurs résultats électoraux sont en augmentation (relativement) constante. Il y eut d’abord la Volksunie, avec un pic électoral de 18,8 % en 1971. Son déclin fut ensuite compensé progressivement par le Vlaams Blok, avec un pic de 24 % en 2004. La percée de la N-VA, en 2009, fit passer le score nationaliste flamand à 28,4 %, et cette hausse spectaculaire s’est ensuite poursuivie au fil des ans jusqu’à 44,1 % (pour la Chambre) en 2019.

À l’époque déjà, ce chiffre paraissait vertigineux. Tout actionnaire, devant un tel score, se serait dit qu’il était temps de prendre son bénéfice. Or voilà que le score nationaliste flamand a encore augmenté. Ensemble, les deux partis atteignent aujourd’hui le chiffre record de 47,4 %. Autrement dit, près d’un électeur flamand sur deux vote donc pour un parti qui (du moins sur le papier) se présente comme séparatiste.

Et c’est là qu’apparaît un étrange paradoxe. Plus les partis nationalistes flamands gagnent de voix, plus ils éprouvent des difficultés à convertir ce gain en un surcroît d’autonomie pour la Flandre. Avec relativement peu de voix, la Volksunie avait pourtant obtenu beaucoup. Alors que la N-VA, avec un score bien plus élevé, n’a pas encore réussi à s’imposer sur le plan institutionnel.

Les « familles de partis » : un concept dépassé



Les choses vont-elles changer ? Dimanche soir, il s’en est fallu de peu que les nationalistes flamands s’emparent d’un levier facilitant une réforme majeure de l’État. Pendant un moment, on a pu croire que la N-VA et le Vlaams Belang obtiendraient ensemble la majorité absolue au Parlement flamand. Finalement, leur majorité se limite à 62 sièges. Bien sûr, Bart De Wever avait claironné partout qu’il ne gouvernerait pas avec le Vlaams Belang. Mais avec 63 nationalistes flamands au Parlement flamand, il aurait disposé, à défaut de carotte, d’un solide bâton. Par ailleurs, les nationalistes flamands ne sont pas parvenus à atteindre la majorité au sein du groupe néerlandophone à la Chambre.

Aujourd’hui, s’agissant de faire de la Belgique une confédération, le net virage à droite de la Wallonie semble priver la N-VA d’un argument. Mais ce n’est là qu’une apparence. Plus que jamais, la Flandre et la Wallonie sont des mondes différents, articulés autour de deux systèmes de partis différents, complètement déconnectés l’un de l’autre – comme s’il s’agissait de deux pays. Entre partis appartenant pourtant à la même famille, les pertes et les gains électoraux se révèlent totalement divergents. On pourrait donc parfaitement trouver demain le MR au gouvernement fédéral, mais sans l’Open VLD, ou encore Vooruit mais sans le PS. Si cette évolution se confirme, c’est que la notion de « famille de partis » sera devenue complètement obsolète, et les divergences seront alors plus fortes que jamais.

Le paradoxe de la Suédoise



La N-VA en tirera argument pour affirmer qu’il est grand temps de passer au confédéralisme. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. En attendant, comme en 2014, il faudra bien qu’elle prenne la tête d’une coalition « à la suédoise » – mais sans le PS. Il n’est pas exclu qu’un tel gouvernement puisse, cette fois, appliquer des réformes économiques décisives. Mais s’il y parvient, ce sera bien le retour du paradoxe de la Suédoise : en cas de succès, ce gouvernement mené par la N-VA sera la preuve que la Belgique fonctionne, il et sciera ainsi la branche sur laquelle la N-VA est assise.

Au sein de la N-VA, rares sont ceux qui voudraient, comme en 2014, balayer complètement le communautaire sous le tapis. L’accord de coalition devra donc comporter un volet institutionnel solide. Mais c’était déjà le cas dans l’accord de coalition Vivaldi, qui n’était pas avare de promesses en matière de réforme de l’État. Sans aucun résultat. C’est ce qui risque de se reproduire aujourd’hui. Dans tous les cas de figure, à défaut d’une majorité spéciale, un gouvernement De Wever ne pourra pas aller très loin dans les réformes institutionnelles.

Pour l’arrière-ban des électeurs flamingants, c’est là une pilule bien amère à avaler. Plus les nationalistes flamands obtiennent de voix, plus l’indépendance flamande semble hors de portée. Naturellement, avec une participation au gouvernement fédéral, et plus encore avec un poste de premier ministre pour Bart De Wever, aspirera encore un peu plus la N-VA dans le système belge. Il se pourrait que la tendance historique se poursuive en 2029 et que les nationalistes flamands finissent par obtenir une majorité absolue en voix et en sièges. Quant à voir une telle majorité déclarer un jour l’indépendance de la Flandre, cela semble plus que jamais illusoire.



Brief History Of Linux (#28)
Free, Open, Libre, Whatever Software

Eric S. Raymond's now famous paper, "The Cathedral and the Bazaar", set
the stage for the lucrative business of giving software away. In CatB, ESR
likened the software industry to an anarchistic bazaar, with each vendor
looking out for himself, trying to hoodwink customers and fellow vendors.
The produce vendor (i.e. Apple), for instance, felt no need to cooperate
with the crystal-ball seller (Oracle) or the con artist hocking miracle
drugs (Microsoft). Each kept their property and trade secrets to
themselves, hoping to gain an edge and make money fast. "With enough
eyeballs, all bug-ridden software programs are marketable," ESR observed.

ESR contrasted the "caveat emptor" Bazaar to an idealistic Cathedral model
used by free software developers. European cathedrals of medieval days
were built block-by-block with extensive volunteer manpower from the
surrounding community. Such projects were "open" in the sense that
everybody could see their progress, and interested people could wander
inside and offer comments or praise about construction methods. "Those
medieval cathedrals are still standing," ESR mused. "But bazaars built in
the 14th Century are long gone, a victim of their inferior nature."