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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Une société ne peut jamais donner le signal que ses citoyens peuvent faire justice eux-mêmes

([Opinions] 2023-03-01 (Het Belang Van Limburg))


C’est un phénomène qui traverse les époques : chaque fois qu’un·e criminel·le perd la vie en accomplissant son forfait, le « bon peuple » se réjouit. Celui ou celle qui commet des crimes ne mérite pas un meilleur sort, professe la vox populi. C’est précisément pour cette raison que le cambriolage avec l’issue tragique que l’on connaît qui a été commis le week-end dernier à Houthalen continue de susciter une vague d’émotion. Hasan Y., cet exploitant de magasin de 48 ans qui a poignardé à mort le cambrioleur qui s’était introduit dans son établissement, devra rester en prison au moins une semaine supplémentaire. Son avocat a réclamé mardi le sursis devant la chambre du conseil. Les résultats des devoirs d’enquête essentiels qui ont été demandés sont attendus dans les prochains jours.

Lundi soir, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la supérette de l’exploitant afin de lui exprimer leur soutien et de réclamer sa libération et, surtout, de la compréhension pour la situation d’un commerçant qui se retrouve soudain nez à nez avec un cambrioleur. À première vue, l’arrestation provisoire de Hasan Y. peut dès lors sembler injuste, mais il n’en demeure pas moins important, y compris dans ce genre d’affaires, de s’en référer aux faits, et rien qu’aux faits.

« Cette affaire touche aux fondements de notre État de droit, dont l’un des principaux piliers est que les crimes sont sanctionnés par l’État et non par les citoyens eux-mêmes. »

Bien entendu, la notion de légitime défense fait partie intégrante de notre système judiciaire, mais elle ne confère pas le droit de tuer un cambrioleur, quand bien même s’introduirait-il au beau milieu de la nuit dans une supérette ou une bijouterie. Tirer dans le dos d’un cambrioleur en fuite n’est, en effet, pas la même chose que se défendre avec un couteau contre un intrus lors d’une bagarre. Il incombe à la Justice de faire toute la lumière sur les circonstances des faits avant de se prononcer sur la question de la légitime défense. Il importe en outre d’exclure toutes les autres pistes afin de s’assurer qu’aucun élément n’a été négligé.

Toutes ces précautions sont essentielles, car cette affaire touche aux fondements de notre État de droit, dont l’un des principaux piliers est que les crimes sont sanctionnés par l’État et non par les citoyens eux-mêmes. Jamais, une société ne peut donner le signal que ses citoyens peuvent se faire justice eux-mêmes. C’est un principe qui ne tolère pas le moindre millimètre de marge de manœuvre. Il a fallu des siècles à l’homme pour recouvrir ses penchants primitifs d’un fin vernis nommé « système judiciaire » et c’est précisément ce rejet du principe « œil pour œil, dent pour dent » qui a permis à notre société d’évoluer vers l’espace de paix qu’elle est aujourd’hui.

Celui ou celle qui dit que Hasan Y. devrait être récompensé plutôt que de croupir en prison bafoue non seulement ce principe, mais fait en outre fi des conséquences dramatiques de l’acte du commerçant de Houthalen. Dans cette affaire, il n’y a pas de vainqueurs qui mériteraient un trophée, mais seulement des perdants. Car demain, Hasan Y. devra vivre avec les répercussions d’une décision qu’il a prise en quelques secondes. Une décision dont, selon toute vraisemblance, il ne souhaitait pas qu’elle ait de telles conséquences. Et ce sera déjà un fardeau bien assez lourd à porter…

[1]Le ministre de la Justice incarcéré 4 jours pour une émission télé : voici son récit



[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/le-ministre-de-la-justice-incarcere-4-jours-pour-une-emission-tele-voici-son-recit/



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-- Leo Rosten, on W. C. Fields