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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Les prix TV des Kastaars : le show et la gêne de trop

([Culture et Médias, Opinions] 2023-02-01 (De Standaard))


Qui avait réclamé une énième remise de prix ? Bienvenue aux Kastaars, cette cérémonie narcissique dont personne ne voulait.

Un vrai miracle que Netflix ne se soit pas planté samedi. Pas moins de trois chaînes – Één, VTM et Play4 – ont gavé les téléspectateurs flamands d’un show qui flirtait avec le ridicule : De Kastaars. Celles et ceux qui le pouvaient ont fui vers une plateforme de streaming. Les autres n’ont eu d’autre choix que de ronger leur frein. L’émission a drainé quelque 1,4 million de spectateurs, soit une moyenne de 460 000 par chaîne. Une audience modérée pour un samedi soir.

Le principe : les chaînes de télévision flamandes s’autodécernent des prix avec enthousiasme. À l’ancienne, tout en faisant abstraction des plateformes de streaming. Pour citer Prince : « Party like it’s 1999 ! »

Cringe



C’était mieux avant. Retour sur De Gouden Bertjes, cette remise de prix de la télé flamande où l’humour était roi. L’industrie s’y moquait sournoisement d’elle-même. Une saine autodérision qui était aux abonnés absents samedi dernier. Dans la salle, tout le monde faisait comme si ces prix signifiaient vraiment quelque chose.

Le terme cringe , employé par les jeunes pour décrire une situation malaisante, décrit parfaitement ce spectacle. En ouverture, un affreux numéro de comédie musicale interprété par les présentateurs. Cringe . Pour la clôture, un hymne Kastaars entonné par Metejoor. Cringe . Et entre les deux ? Cringe .

On peut se demander en quoi le spectateur sort gagnant de cette débauche d’autosatisfaction. Et pourquoi Koen Wauters, le présentateur de VTM, a déroulé son plus beau néerlandais face au charabia de Danira Boukhriss (VRT) et Gert Verhulst (Play4).

[1]Stromae et Angèle, favoris des MIA’s, la cérémonie méconnue des francophones

Indigestion



Ces derniers temps, les Flamands sont assaillis de remises de prix. Les Gouden K’s de Ketnet, [2]les Mia’s , le Gouden Schoen et les Kastaars ont déferlé sur une seule semaine. Avec dans leur sillage les Ensors décernés à l’occasion du festival du film d’Ostende. Sans oublier les Jamies qui récompensent les vidéastes en ligne flamands. On y retrouve presque toujours les mêmes Bekende Vlamingen dans la salle et les mêmes artistes sur le podium (Metejoor et Camille vivent le mois de leur vie).

On pourrait donc croire que la VRT loue le Palais 12 à l’année (il a aussi accueilli la finale de l’Eurovision 2023). Sur le plan économique, ça se tient: il est plus intéressant d’enchaîner toute une série de cérémonies dans le même lieu en deux semaines que de repartir chaque fois de zéro. En ce sens, cette avalanche de shows n’est pas un hasard. Tant pis si le spectateur doit s’en accommoder jusqu’à l’indigestion.

Le nombre de récompenses décernées cette semaine ? On a arrêté de compter. Car ces prix s’apparentent aux tatouages : en avoir une vous rendait spécial, mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, c’est de ne pas en recevoir qui fait votre différence.

Peut-être que la Flandre compte tellement de remises des prix qu’il en manque une à son palmarès : celle du meilleur spectacle de remise des prix ! Ça pourrait s’appeler les Gouden Navels car c’est bien de nombrils dont il est question. Une simple suggestion, et un conseil en passant aux téléspectateurs : n’oubliez pas de renouveler votre abonnement de streaming.

[3]Comment Metejoor est-il devenu l’étoile montante de la chanson flamande?



[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/stromae-et-angele-favoris-des-mias-la-ceremonie-meconnue-des-francophones/

[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/stromae-et-angele-favoris-des-mias-la-ceremonie-meconnue-des-francophones/

[3] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/comment-metejoor-est-il-devenu-letoile-montante-de-la-chanson-flamande/



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-- Epigrams in Programming, ACM SIGPLAN Sept. 1982