Bruxelles, une région bilingue ? Sur le papier uniquement et la situation empire…
([Culture et Médias, Société] 2022-07-01 (BRUZZ))
- Reference: 2022-07_belgium-3675639_1920
- News link: https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/bruxelles-une-region-bilingue-sur-le-papier-uniquement-et-la-situation-empire/
- Source link: https://www.bruzz.be/samenleving/nederlands-brussel-onder-druk-de-burger-wordt-minder-goed-bediend-2022-07-06
À la veille de la Fête de la communauté flamande, le vice-gouverneur de Bruxelles, Jozef Ostyn, adresse une mise en garde dans son dernier rapport annuel : la situation des services en néerlandais dans les administrations locales bruxelloises ne cesse de se dégrader. Sans compter qu’en ce qui concerne le respect des lois linguistiques, on observe de plus en plus de problèmes structurels. « Mais je ne me décourage pas. Mon travail a une importante fonction d’alerte. »
Jozef Ostyn, 55 ans, qui a notamment assuré les fonctions de chef de cabinet de Brigitte Grouwels (CD&V), ancienne ministre du gouvernement bruxellois, occupe depuis exactement dix ans le poste de vice-gouverneur de Bruxelles. Lorsqu’il nous reçoit, au dernier étage du bâtiment Park Atrium, non loin de la gare Centrale, de sombres nuages s’amoncellent au-dessus de son bureau, comme une allégorie du contenu de son dernier rapport annuel, publié la semaine dernière.
JOZEF OSTYN : « Il existe aussi, dans le Brabant flamand, un poste de gouverneur adjoint francophone, dont la compétence porte sur les communes à facilités. Nous sommes tous deux des successeurs du vice-gouverneur de la province du Brabant, lorsqu’elle existait encore. »
« J’ai coutume de dire que je veille au respect de la législation sur l’emploi des langues en matière administrative dans le cadre des recrutements ou des promotions au sein des administrations locales bruxelloises : du point de vue de la loi, tous les fonctionnaires se doivent d’être bilingues.
Concrètement, il faut qu’ils soient, à leur niveau, titulaires d’un certificat linguistique, délivré par le Selor (l’organisme fédéral chargé de la sélection et des examens), attestant de la connaissance de l’autre langue nationale. C’est le fondement objectif sur lequel je m’appuie pour décider de suspendre une nomination ou non.
[1]Ces responsables politiques flamands pour qui Bruxelles ne doit plus être bilingue
Je m’occupe par ailleurs des plaintes introduites par celles et ceux qui sont confrontés à des problèmes liés à l’utilisation des langues à Bruxelles, c’est-à-dire à des violations de la législation que j’évoquais.
« Du point de vue de la loi, tous les fonctionnaires se doivent d’être bilingues. »
Mes fonctions sont un peu mieux connues que par le passé, notamment parce qu’un certain nombre de campagnes de sensibilisation ont déjà été menées, et parce que la publication de mon rapport alimente, chaque année, le débat au niveau politique.
D’ailleurs, même s’il reste faible en termes absolus, le nombre de plaintes augmente : d’une dizaine de dossiers au cours des années précédentes, on est passé à 23 en 2020, puis à 33 en 2021. Mais, de fait, mon poste est essentiellement administratif. Les citoyens ne me voient pas souvent intervenir en public. »
« Les années précédentes aussi, on oscillait autour des 60 %. Seuls 18 % des décisions sont conformes à la législation sur l’emploi des langues, et j’ai toléré temporairement 22 % des nominations — des engagements contractuels de courte durée, au maximum un an.
Tant du côté des néerlandophones que des francophones, on constate une différence considérable entre les nominations statutaires, qui sont, pour les trois quarts environ, conformes à la législation, et les recrutements contractuels, pour lesquels seuls 10 % ou moins des personnes concernées sont titulaires du certificat du Selor attestant la connaissance de l’autre langue nationale, pourtant obligatoire. (Voir le graphique ci-dessous pour plus de détails) »
Évolution du nombre d’engagements approuvés (vert), tolérés (vert pâle) et suspendus (pour violation des lois linguistiques) (rouge) au sein du personnel des communes et des CPAS de la région bruxelloise.
Source : Rapport du vice-gouverneur de l’arrondissement administratif Bruxelles-Capitale relatif à l’année 2021
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Jozef Ostyn, 55 ans, qui a notamment assuré les fonctions de chef de cabinet de Brigitte Grouwels (CD&V), ancienne ministre du gouvernement bruxellois, occupe depuis exactement dix ans le poste de vice-gouverneur de Bruxelles. Lorsqu’il nous reçoit, au dernier étage du bâtiment Park Atrium, non loin de la gare Centrale, de sombres nuages s’amoncellent au-dessus de son bureau, comme une allégorie du contenu de son dernier rapport annuel, publié la semaine dernière.
Rares sont ceux qui connaissent votre rôle. Seule Bruxelles est dotée d’un vice-gouverneur…
JOZEF OSTYN : « Il existe aussi, dans le Brabant flamand, un poste de gouverneur adjoint francophone, dont la compétence porte sur les communes à facilités. Nous sommes tous deux des successeurs du vice-gouverneur de la province du Brabant, lorsqu’elle existait encore. »
Comment décririez-vous vos fonctions à ceux qui ne les connaissent pas ?
« J’ai coutume de dire que je veille au respect de la législation sur l’emploi des langues en matière administrative dans le cadre des recrutements ou des promotions au sein des administrations locales bruxelloises : du point de vue de la loi, tous les fonctionnaires se doivent d’être bilingues.
Concrètement, il faut qu’ils soient, à leur niveau, titulaires d’un certificat linguistique, délivré par le Selor (l’organisme fédéral chargé de la sélection et des examens), attestant de la connaissance de l’autre langue nationale. C’est le fondement objectif sur lequel je m’appuie pour décider de suspendre une nomination ou non.
[1]Ces responsables politiques flamands pour qui Bruxelles ne doit plus être bilingue
Je m’occupe par ailleurs des plaintes introduites par celles et ceux qui sont confrontés à des problèmes liés à l’utilisation des langues à Bruxelles, c’est-à-dire à des violations de la législation que j’évoquais.
« Du point de vue de la loi, tous les fonctionnaires se doivent d’être bilingues. »
Mes fonctions sont un peu mieux connues que par le passé, notamment parce qu’un certain nombre de campagnes de sensibilisation ont déjà été menées, et parce que la publication de mon rapport alimente, chaque année, le débat au niveau politique.
D’ailleurs, même s’il reste faible en termes absolus, le nombre de plaintes augmente : d’une dizaine de dossiers au cours des années précédentes, on est passé à 23 en 2020, puis à 33 en 2021. Mais, de fait, mon poste est essentiellement administratif. Les citoyens ne me voient pas souvent intervenir en public. »
Il ressort de l’édition 2021 de votre rapport annuel que vous avez examiné quelque 3 500 décisions relatives au personnel des administrations locales bruxelloises au regard de cette fameuse législation sur l’emploi des langues en matière administrative. Et 60 % d’entre elles ont été suspendues.
« Les années précédentes aussi, on oscillait autour des 60 %. Seuls 18 % des décisions sont conformes à la législation sur l’emploi des langues, et j’ai toléré temporairement 22 % des nominations — des engagements contractuels de courte durée, au maximum un an.
Tant du côté des néerlandophones que des francophones, on constate une différence considérable entre les nominations statutaires, qui sont, pour les trois quarts environ, conformes à la législation, et les recrutements contractuels, pour lesquels seuls 10 % ou moins des personnes concernées sont titulaires du certificat du Selor attestant la connaissance de l’autre langue nationale, pourtant obligatoire. (Voir le graphique ci-dessous pour plus de détails) »
Évolution du nombre d’engagements approuvés (vert), tolérés (vert pâle) et suspendus (pour violation des lois linguistiques) (rouge) au sein du personnel des communes et des CPAS de la région bruxelloise.
Source : Rapport du vice-gouverneur de l’arrondissement administratif Bruxelles-Capitale relatif à l’année 2021