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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Paul Magnette, l’« espoir de Bart De Wever »

([Rubriques] 2021-10-01 (Het Laatste Nieuws))


On appelle parfois Paul Magnette (PS) l’« espoir de Bart De Wever (N-VA) ». Connaissez-vous un homme politique wallon qui ait envie d’être affublé de ce sobriquet ?

La réponse est non. En tout cas, ce n’est nullement le souhait du grand chef du Parti socialiste ; il préfère être le désespoir de Bart De Wever. En effet, il chérit cette inimitié mutuelle qui lui sera profitable lors des élections. Il suffit de se brancher sur les ondes francophones pour le comprendre. Pour le grand public, la N-VA est toujours un parti extrémiste. Un parti qui aspire à la disparition du pays. Or, de nombreux Belges francophones sont hostiles à une telle perspective.

« La déclaration d’amour de Bart De Wever au PS à l’occasion de la célébration des 20 ans de la N-VA lui a fait l’effet d’une claque. »

En Flandre, nous avons tendance à oublier cette réalité. Le PS a beau compter des hommes et femmes politiques dotés de vifs réflexes régionalistes, il doit aussi tenir bon entre les trois autres grands partis de la Belgique francophone : PTB, Ecolo et MR. En effet, tous les sondages suggèrent que la différence entre ces quatre partis s’amenuise. De plus, les trois concurrents du PS croient fermement à un État fédéral, voire à une Belgique unitaire. Ils veulent réellement plus de Belgique. Certains membres du PS y voient la raison du recul du parti reflété par notre dernier grand baromètre. L’attitude déplorable de la N-VA lors des intempéries subies par la Wallonie n’a pas affecté le PS. En revanche, la déclaration d’amour de Bart De Wever au PS à l’occasion de la célébration des 20 ans de la N-VA lui a fait l’effet d’une claque. Tel est le mode de raisonnement des socialistes. Genoeg . Ça suffit.

La réticence de Paul Magnette quant à une nouvelle réforme de l’État découle non seulement de ses considérations électorales, mais aussi d’un certain réalisme socialiste. Arithmétiquement, obtenir la majorité des deux tiers relève de la gageure. En effet, il s’agit de ravir cent des cent cinquante sièges. Cela implique un rapprochement des nationalistes flamands et des belgicains, tandis que les partis antisystème pourvoiraient de plus en plus de sièges. Amai! Pour les dix années à venir, le président du PS préfère s’atteler à la lutte contre le changement climatique. Le chevalier rouge se profile en « demandeur de rien » écologiste. Il a également l’intention de prendre à bras-le-corps la méfiance envers la politique. Ce sont des défis judicieux. Mais pour ce faire, il a besoin d’impulsion. Ainsi, il cherche à s’attaquer à la fragmentation. De quelle manière ? En soutenant l’idée d’une circonscription électorale fédérale et d’un nouveau Sénat composé d’un panel de citoyens tirés au sort, en suggérant la limitation des dépenses des partis en matière de médias sociaux. Mais ce ne sont pas les bonnes priorités. La N-VA espère que, dans sa recherche d’impulsion, Paul Magnette sera de nouveau demandeur de plus de pouvoir pour la Wallonie. Ainsi, le PS aurait le loisir de faire ce que bon lui semble.

« Il est temps de sortir les griffes. »

On peut toujours espérer. Mais si la N-VA veut trinquer à ce « deal historique » avec le PS après les élections de 2024, pour investir dans sa relation avec ce dernier au cours des prochaines années, elle ne devra pas se contenter de s’acoquiner avec Vooruit. Alors, Bart De Wever irait boire des cafés avec Egbert Lachaert (Open Vld) et taperait de temps en temps dans le ballon avec Georges-Louis Bouchez (MR). Il est préférable de miser sur ce que le parti a déjà en main aujourd’hui : la Flandre. Cela fait sept ans que la N-VA fournit le ministre-président et dix-sept ans que le parti partage les commandes. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Il est temps de sortir les griffes. En voilà un défi pour un parti flamingant. Un défi réaliste, qui ne dépend pas de la bonne ou de la mauvaise volonté des francophones, mais des capacités intrinsèques du parti.



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